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Chez nous de Louise Candlish

Chez nous de Louise Candlish

Pour certains lecteurs, le titre Chez nous rappellera le film de Lucas Belvaux, adapté du roman de Jérôme Leroy. Il traite de la montée de l’extrême-droite, celle qui aime tant rappeler que tel ou tel endroit lui appartient. Chez nous de Louise Candlish n’a rien à voir ou presque. L’autrice anglaise joue de l’attachement et l’affection portés par certains à leur maison. Et de la maison au pays, parfois…

Tout commence quand Fi rentre chez elle plus tôt que prévu. Elle assiste à un étrange déménagement : celui de sa superbe demeure. Qui n’était pas du tout prévu. Dès lors le récit alterne entre son témoignage (pour le podcast fait divers d’une célèbre émission de radio) et celui de son mari (sur un banal document Word alors qu’il est en fuite). Ainsi le lecteur remonte à l’origine du drame, dans cette paisible et idéale banlieue du sud de Londres.

« Pour les mères de Trinity Avenue, un seul jour d’école manqué pouvait nuire aux chances de leur progéniture de décrocher une place pour Oxford ou Cambridge. »

Chez nous est un thriller, construit comme tel, en chapitres courts faits pour tourner les pages. Le lecteur découvre les éléments petit à petit et bien sûr il veut en savoir plus. Le couple idéal se fissure, la parfaite Fiona a ses défauts, le ténébreux Bram picole un peu trop… Le quartier est idyllique en apparence, tant qu’il s’agit d’observer les magnifiques décorations réalisées pour Noël. « Trinity Avenue, dans Alder Rise, était un matriarcat. » Les femmes assistent à des réunions de sensibilisation à la sécurité, se soudent autour d’un week end d’Halloween sans les maris, et vont ensemble au yoga. Une légère moquerie peut transparaître face à cette perfection de façade. Mais le propos n’a rien d’une critique sociale. Chacun pourra selon son point de vue s’offusquer des millions que valent ces maisons, comme les envier.

Ainsi, la force du roman tient surtout dans sa mécanique, son ambiance et la capacité qu’a l’autrice pour donner corps à ses personnages. Un rebondissement, placé au bon endroit, relance les enjeux de l’intrigue. Un autre ressemble plus à une surprise artificielle et tombe à plat. Mais nul doute que ce drame pavillonnaire à la Desperate Houseviwes trouvera son public.

Caroline de Benedetti

Louise Candlish, Chez nous, Sonatine, 2020, traduit de l’anglais par Caroline Nicolas, 22 euros, 480 p.