Voilà un roman à la construction habile pour raconter une histoire pas tout à fait banale : qui a tué le vieux couple dans sa maison, si ce n’est l’homme condamné à mort pour ce crime ? Pas de policier ou de détective privé pour résoudre l’affaire, mais deux personnages qui vont permettre à l’auteur de poser de nombreuses questions morales : un gardien de prison et un jeune homme en liberté conditionnelle.
L’auteur utilise cette quête de vérité pour faire s’affronter la justice rétributive (« Même si la société civile devait se dissoudre, le dernier meurtrier devrait au préalable être exécuté. » Kant) et la justice réhabilitative. Bien sûr, la peine de mort et la façon dont elle est appliquée au Japon sont au coeur du débat.
En refaisant l’historique de ce crime, Nangô et Jun’ichi vont autant déterrer (littéralement) la vérité qu’affronter leur mal être, l’un vis a vis de son métier, l’autre vis à vis de sa culpabilité. De cette enquête, beaucoup auraient fait le choix d’un thriller où l’action aurait pris le pas sur le fond de l’histoire. Kazuaki Takano a choisi l’angle moral et bien lui en a pris. Avec ce sens de la lenteur propre aux japonais, il enserre petit à petit son lecteur et le met au plus près de ses personnages, pris par leur conflit interne. 90 % de psychologie et le suspense ne perd pour autant pas de son intérêt. Treize marches sur le chemin de la conscience : une réussite qui a donné un film, 13 Kaïdan, malheureusement introuvable en DVD.
Caroline de Benedetti
Kazuaki Takano, Treize Marches, Traduit par Jean-Baptiste Flamin, Presses de la Cité, 21 €, 356 p.
Aucune allusion à l’écriture du roman qui est pourtant essentielle…
Haute qualité littéraire ou écriture simplement correcte ?!!!