« -Le moment est mal choisi pour philosopher, dit-il, mais entre nous, vous n’auriez jamais grâce à vous plaindre. Tout notre travail – le vôtre et le mien – est fondé sur la théorie d’après laquelle l’ensemble importe plus que l’individu. C’est pourquoi un communiste voit dans les Services Secrets un prolongement naturel de son propre bras, alors que chez vous on voile la chose sous une sorte de pudeur anglaise. »
À la lecture de ce deuxième John Le Carré pour nous (qui est son troisième roman, paru en 1964, et qui deviendra son premier best seller) la sensation d’anti-James Bond se confirme. Les scènes sont lentes, il n’y a pas de super héros ici. Les espions qui devraient se comporter comme des machines au service de la raison d’État ont du mal à gérer la pression morale à laquelle ils sont soumis. L’action se déroule en pleine guerre froide et la ligne entre le bien et le mal est claire, il y a même un mur qui la délimite. Mais tout n’est pas si simple. Dans un style à la fois précis et concis John le Carré tisse une terrible tragédie. Il en profite pour philosopher au travers de ses personnages sur les idéaux. Le livre est devenu un classique, se vendant à plus de 20 millions d’exemplaires il récolte de prestigieux prix (Somerset Maugham et Edgar Allan Poe). La lecture de L’espion qui venait du froid est indispensable à tout amatrice et amateur du genre.
Notez au passage que l’édition folio de 2013 comprend une intéressante préface de l’auteur « 50 ans plus tard » sur le rapport de la critique et du public par rapport au fait que l’auteur ait travaillé pour le Foreign Office.
Emeric Cloche
John le Carré, L’espion qui venait du froid, traduit de l’anglais par Marcel Duhamel et Henri Robillot, Gallimard, 1964, folio policier, 2013, 328 pages, 7,90 €
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