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3 Continents, menu asiatique

3 Continents, menu asiatique

Amputé de 2 films, l’un retenu par son producteur indien (Balekempa d’Ère Gowda ) l’autre par les gilets jaunes (Entre 2 mondes du Sri lankais Vimukthi Jayasundura, projection reportée fin de semaine), le menu asiatique reste d’une diversité exceptionnelle : Manta Ray du thaïlandais Phuttiphong Aroonpheng surprend par l’originalité du scénario et la splendeur des images. On pense forcément à Apichatpong Weerasetakul, en plus sombre et plus politique : le cinéaste dédie son film aux réfugiés Rohingas. On comprend pourquoi en regardant son film, même si l’on ne comprend pas tout de certaines images mystérieuses… Mais qu’importe « comprendre » quand il y a tant à « prendre « !

Aucune filiation ne vient à l’esprit devant A Land Imagined du Singapourien Yeoh Siew Hua (co-produit par la France et les Pays Bas ). Notre favori pour la Montgolfière d’Or. Tout dans le récit, les personnages et le territoire exploré, est innovant. L’action se passe à Singapour, la ville état devenue l’une des places financières les plus importantes de la planète. Loin du quartier des affaires nous sommes à la périphérie, dans la zone d’extension de la ville. Extension qui se fait à grand renfort de sable provenant des pays voisins. Les ouvriers qui travaillent sur ces chantiers viennent de Chine ou du Bangladesh, ou de tous ces pays pauvres qui fournissent aux pays riches leur cargaison d’esclaves : passeports confisqués, salaires non versés, dortoirs surchargés, d’où insomnies, génératrices d’accidents du travail et de distractions nocturnes. Un ouvrier chinois disparaît. Un policier singapourien part à sa recherche… Et rien de ce qui arrive ne correspond à ce qu’on attend ! Passionnant !

On salivait déjà à l’idée de déguster le seul film coréen du sud : que l’on soit amateurs de films de genre ou de films d’auteurs, Bong John-ho et Hong San-so nous ont moult fois régalés. La déception fut donc proportionnelle à l’attente : Winter’s night de Jang Woo-jin est à vomir ! On y vomit d’ailleurs beaucoup et souvent : on boit on mange on dégueule et on recommence. Il arrive qu’on parle en mangeant…. Pour ne rien dire. Quant au dispositif nocturne hivernal qui nous avait intrigué, il se réduit à un décor en carton pâte ridicule, indigne d’un spectacle de patronage.

Jocelyne Hubert