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La folie Tristan de Gilles Sebhan

Cirque Mort est derrière nous avec son issue dramatique. Voici La folie Tristan, l’hiver a laissé la place au printemps, mais la tristesse plane toujours et l’ambiance ressemble à un jour de ciel gris. Dapper sort de l’hôpital. S’il a retrouvé son fils sain et sauf, aucune certitude ne règne quant au bonheur des uns et des autres. Dapper demeure incapable de communiquer avec sa femme et son fils Théo.

« L’enfance aime le secret. Et le secret plonge ses racines dans l’inconnu ténébreux des origines. Même à présent que le garçon honorait de sa présence la chambre conçue pour lui, il poursuivait son aventure dans un palais mental où il retrouvait ses compagnons aux pathologies multiples et criardes comme des fétiches peints. Il opposait à son père un sourire figé qui servait de bouclier antipensées. Il émettait une sorte de brouillard derrière lequel il dissimulait son être véritable. »

Tous semblent pris dans la problématique du lien filial, de la survie et des origines. La femme de Dapper poursuit son aventure homosexuelle, le docteur Tristan reste fasciné par ses petits patients, Ilyas garde le mystère de ses capacités mentales, l’hôpital et la maladie continuent d’offrir leur décor. Dans ce deuxième opus, le flic Dapper affronte son passé d’orphelin. Le lecteur chemine avec lui vers la vérité, assez facile à deviner quand on y songe un peu. Le récit suit également une piste policière avec l’enlèvement d’une femme. L’occasion d’introduire un personnage d’ex-militaire dont le fils est attardé mental. Cet élément paraît détaché du reste, excepté pour ajouter encore un lien avec la folie et le docteur Tristan.

« On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille », chantait Maxime Le Forestier. Gilles Sebhan poursuit l’exploration de l’enfance et du poids de la norme. Il confirme son empreinte, faite d’une ambiance étrange et troublante. Quelques éléments sont répétés et l’on garde une certaine nostalgie de Cirque Mort, la puissance de la découverte s’atténue, mais pas la curiosite pour la suite. Comment va s’achever ce cycle engagé par l’auteur ?

« Il avait remarqué qu’à chaque fois qu’un comportement déviait de la norme, on lui affublait les oripeaux de la folie. »

Caroline de Benedetti 

Gilles Sebhan, La folie Tristan, Rouergue Noir, 2019, 17,80 €, 176 p.

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