En 2008, j’avais interviewé William Bayer pour le site PolArtNoir. Dans la dernière question, l’auteur explique qu’il a mis l’écriture sur pause pour se consacrer à la poterie… 6 ans plus tard il sort un nouveau roman, Trame de sang, dans lequel le personnage principal se consacre à la poterie. La photo qui illustre l’interview, et ce que William Bayer dit de ses œuvres, résonnent tout particulièrement dès lors qu’on aura lu son roman.
Trame de sang fait partie de ces romans situés sur un campus. Il en existe de nombreux, tous très différents, des Revenants de Laura Kasischke à La vie secrète de E. Robert Pendleton de Michael Collins. William Bayer en cite d’autres dans un entretien à la fin du livre.
Delamere est un pensionnat pour une élite de jeunes à la sensibilité artistique. Bien sûr, l’auteur montre ce qui se cache derrière le vernis des sourires et des brochures aux allées bordées d’un vert impeccable. Il pose surtout avec sensibilité la question de l’art, de l’éducation et des choix dans cette phase de la vie où tout événement revêt la force des premières fois. La jeune tisseuse, les artistes lesbiennes, le rédacteur du journal, les pimbêches du club secret… tous cohabitent et s’entrechoquent dans cet univers clos qui fait des étincelles. William Bayer allie comme à son habitude un classicisme de structure – tinté de clichés juste comme il faut – à l’originalité de son matériau.
William Bayer, Trame de sang, Editions Rivages/Thriller, 2015, 405 p., 22 €