Kim Novac, Eleanor Parker et Frank Sinatra forment un trio d’acteurs de haute volée… Côté musique, sachez qu’il y a Shelly Mann à la batterie ! On est dans un cinéma qui prend son temps, qui pose une scène et laisse se dérouler le dialogue. Otto Preminger imprime un fort style visuel, les mouvements de caméra participent pleinement à l’histoire. Le moment où Frankie Machine s’approche du bar et qu’il regarde par la fenêtre procure un délicieux vertige.
À l’époque, le sujet principal du film – la dépendance à la drogue – n’avait jamais était envisagé de cette façon au cinéma, pas plus semble-t-il que les rapports amoureux adultérins… Le code Hays (petit manuel d’autocensure mis en place en 1930 par le sénateur William Hays, président de la Motion Pictures Producers and Distributors Association) veillait à ce que le cinéma soit en accord avec un « code moral rigoureux ». Mais Preminger, s’appuyant sur la constitution américaine garantissant la liberté d’expression, n’a rien voulu lâcher et un terrible bras de fer s’est engagé… Le film est là, après plus d’un demi siècle d’histoire, et le code Hays est mort. Tiens ça me rappelle les Felice Brothers et leur Rockfeller Druglaw Blues même si la bande son de L’Homme au bras d’or est plutôt West Coast Jazz.