L’idée est simple : notre monde à une Fin, et celui qui lui succède est fait de Douceur, de ZAD et de péniches, de char à voile et de vieille musique récupérée dans des supermarchés déserts. En l’an 2100, Macha a plus de cent ans et elle raconte aux jeunes qui ne l’ont pas connu ce monde d’avant, le monde de la Fin. Le procédé se voit un peu aux coutures et la frontière est parfois mince entre leçon et témoignage.
La réussite vient du personnage de Macha, son enfance dans un appartement bourgeois et le sentiment de n’être pas plus à sa place chez elle qu’à l’école. Cette jeune hybride rebelle de bonne famille, d’une mère grecque et d’un beau-père fascisant, va s’émanciper à travers des épreuves, un épisode ballardien de vie en gated communities et une difficile première histoire d’amour. Dans le rôle du méchant qu’on peut aimer, il y a Le Capitaine et ça fonctionne.
Jérôme Leroy continue de déployer son univers, les personnages de ses précédents romans jeunesse croisent l’univers du Bloc et de L’Ange gardien.
Il n’est pas tant question d’action que de souvenir et de transmission. La souffrance de Macha devient celle du lecteur, et l’émotion est là. Bienvenue dans une utopie, donc. Rêve ou réalité ? Invitation au voyage, dirait Baudelaire :
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Jérôme Leroy, Macha ou l’évasion, Syros, août 2016, 336 p., 16,95 €