« Elle fait des broderies, Mitzi. Mais c’est pas en brodant que tu peux te payer un appartement pareil. C’est son fiancé qui paie. Un beau monsieur de Gelsenkierchen. Il a une petite affaire et il vient à Munich deux fois l’an. Elle sait comment ça marche Mitzi. Toi aussi, il faudrait que tu te trouves un fiancé, tu pourras jamais vivre comme ça avec un salaire de bonne. Faudra que tu comptes chaque pfennig. Et ici à Munich, c’est Hans qui prend soin d’elle. T’as qu’a essayer, peut-être que toi aussi t’en trouveras un qui te paiera un appartement et prendra soin de toi. T’as tes chances avec Hans, et peut-être même que tu trouveras encore mieux. »
Tout comme certain films noirs américains et plus particulièrement Jacques Tourneur dans La Griffe du passé dans les USA des années 40, Un tueur à Munich d’Andrea Maria Schenkel pose la question : qu’est-ce qu’une femme allemande peut faire pour survivre dans l’Allemagne de la fin des années 30 ?
Comme dans La Ferme du Crime le roman d’Andrea Maria Schenkel s’intéresse à un crime, et le terme de littératures criminelles prend alors tout son sens (voir édito de L’Indic n°27). Un tueur à Munich revient sur des meurtres commis par un tueur en série sans emprunter le chemin de nombreux thrillers. Pas d’antagoniste machiavélique et superpuissant, pas de courses poursuites ni de messages laissés par le criminel à l’intention des enquêteurs. Non. Un tueur à Munich est ce que l’on appelle en France un roman noir, il s’intéresse au social et au crime. La question est pourquoi le crime ? Pourquoi Josef Kalteis a tué ? Qui a-t-il tué ? Pourquoi a-t-il pu tuer ces personnes là ? Les réponses, psychologiques et sociologiques, se lisent entre les lignes.
Emeric Cloche
Andrea Maria Schenkel, Un tueur à Munich, Babel Noir, roman traduit de l’allemand par Stéphane Lux, Acte Sud, Babel Noir, 165 pages, 6,70 Euros.