Au bout d’un monde dont nous ignorons le nom, derrière une frontière inconnue, il y a la « ville » et le « Terminus ». Territoire de neige et de froid, il n’attire que les hors-la-loi, une meute à l’équilibre précaire.
Les hommes face aux éléments, et les hommes entre eux, tel est le portrait proposé par Stéphane Jolibert dans son premier roman. Les loups d’un côté, les chiens de l’autre. La métaphore peut sembler un peu lourde. Qui est qui ? Mais les descriptions des paysages et celles des personnages font la force du livre. Un petit air de far west, une ambiance à la Mahagony, des morts sur les toits dans l’attente d’être enterrés, un mécano et sa pelle à la recherche d’un cadavre…
« Il avait joui rapidement, puis il avait remballé son plaisir discrètement et s’en était allé, journal sous le bras, sans se retourner.
Elle était restée là, assise, cherchant du regard quelque chose, n’importe quoi pour s’essuyer les doigts. Ne trouvant pas, elle les avait léchés pour ne pas salir ses vêtements. Le goût ne lui avait pas plu, ni déplu, d’autant qu’elle avait maintenant la somme nécessaire pour s’offrir le soutien-gorge et peut-être même la culotte allant avec. »
Allant du passé de Natsumé adolescent torturé devenu adulte vengeur, au présent du Terminus où il rencontre Sarah la nièce de Tom le distilleur cul de jatte, l’auteur radiographie l’équilibre d’une société. Ainsi, on oublie les quelques longueurs et maladresses d’écriture. Sur cette scène de théâtre, il est autant question de solitude que de la violence faite aux femmes et à tout individu plus faible. Faut-il un chef pour que règne l’équilibre ? C’est vers cette question que tend le roman, et son issue en forme de morale peut poser question.
Caroline de Benedetti
Stéphane Jolibert, Dedans ce sont des loups, Le Masque, 2016, 19€, 288 p.
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