Il est question de la guerre et de l’après-guerre en Allemagne dans ce roman du français Maxime Gillio. L’axe narratif choisi est assez classique : une journaliste interviewe une femme passée de l’Est à l’Ouest en 1977. Leurs discussions dressent à la fois le portrait de Patricia et celui d’Inge.
Grande Histoire et petite histoire rendent compte des conséquences de la violence, exercée ou subie. Inge la Sudète et Patricia la berlinoise sont chacune traumatisées par un événement, et le fil qui les relie se devine assez rapidement. Peu importe, et peu importe aussi une fin abrupte et certains faits décrits un peu vite. La souffrance et l’auto-destruction de la journaliste contrastent avec l’impassibilité de Inge. Toutes les deux alternent entre affrontement et compréhension ; il en ressort beaucoup d’émotion. Les flashbacks permettent de découvrir l’enfance d’Inge et sa mère Anna, tchévoslovaque prise dans la deuxième guerre mondiale. Les personnages ont de la consistance. Qu’est-ce que grandir dans un monde en guerre ? Dans un pays divisé ? Appartient-on à l’endroit qui nous voit naître ou à celui où l’on choisit de vivre ? Jusqu’où utiliser la violence ? Autant de questions à se poser en suivant ces personnages à travers l’Histoire de l’Allemagne.
Caroline de Benedetti
Maxime Gillio, Rouge armé, Ombres Noires, 2016, 19 €, 347 p.