112 pages. Il ne faut donc pas en dire trop sur ce court roman qui fait un bien fou. Pas que l’histoire soit réjouissante, mais l’écriture de l’auteur détonne, quelque part entre raffinement et sobriété.
« Au téléphone, j’avais été impressionné par la voix de Mlle G., affligée d’un voile où perçaient la délicatesse, la retenue, peut-être l’alcool ou le tabac et plus lointainement du chagrin. Un défaut de prononciation bien endigué laissait entendre une acclimatation ancienne à la guerre qu’on se fait à soi. »
C’est le récit à la première personne d’un avocat à la carrière pas brillante et à la vie un peu terne, encombrée par ses blocages. L’auteur dit beaucoup de choses en peu de mots, sur ce chemin qui mène de la prison au terrorisme ; oh, pas comme vous l’imaginez. L’injustice du monde pèse sur les lignes. Un repas à l’hôtel de Rotschild, un verre dans un bar pour lier connaissance avec une femme, une visite au parloir… L’avocat défend un homme condamné pour viol et assassinat. Le récit interroge le lecteur sur la direction qu’il va prendre : procès héroïque ? Destin d’un réfugié ? La surprise est au bout et tombe, terrible conséquence des choix faits par un homme. Voilà une belle description de la morale et des sentiments pour fêter la nouvelle collection Cadre Noir du Seuil. Et l’envie de découvrir d’autres textes de l’auteur.
Caroline de Benedetti
Antoine Bréa, Récit d’un avocat, Seuil/Cadre Noir, 112 pages, 14 €