Dans son introduction Rosetta Loy relie les deux histoires qu’elle raconte – deux faits divers survenus en Italie au début des années 2000 – aux contes de son enfance. Les contes, nous nous en rappelons tous, délivrent leur lot de meurtre, de terreur et de morale. Des sensations ressenties par l’auteure. Mais la terreur du fait divers, cependant, est plus proche. Elle appartient à son époque.
L’auteur plante le décor avec exactitude, et explique avec un souci quasi sociologique l’origine des personnages et l’histoire des lieux où se déroule le crime. Le style parfois trop appuyé pourra agacer. « Nul ne sait de quoi le petit Youssef avait envie en ces jours de décembre où son bonnet à pompon se reflétait dans les vitrines. Quel jouet il croyait saisir avec ses petites mains de beurre. » Il pourra aussi loger des images en tête. Après la lecture, le lendemain et le surlendemain, il reste un goût amer en bouche. C’est le goût de ces deux nouvelles, celui du fait divers, celui de la cruauté et du sang. Et en parallèle, si votre cerveau fonctionne bien, il y a la morale, celle du conte, ce que le texte nous montre, une analyse plus profonde que celle qui accompagne trop souvent le fait divers.
Emeric Cloche
Rosetta Loy, Coeurs brisés, traduit de l’italien par Françoise Brun, Mercure de France, 84 p., 5 €