Depuis Madame Courage en 2012, le nom de Serge Quadruppani revenait surtout dans le champ de la traduction et de la politique. Il y a bien eu Le sourire contenu publié en 2017 à La Petite Vermillon, mais il s’agit d’une réédition. Alors ces Loups solitaires étaient attendus par les amateurs de l’univers de l’auteur, avec ses tournures de phrases bien à lui.
La vie d’auteur, les colloques littéraires, les poules, la Creuse, la police, l’Etat d’urgence… Mais aussi l’Italie, la Tunisie et le Mali ; chez Quadruppani le territoire est international. Et tout s’imbrique parfaitement, dans une histoire où l’amour le dispute à l’espionnage, au djihadisme et à la politique française. Si la brève vision d’une main américaine dans les élections françaises de 2017 peut laisser sceptique, elle reste romanesque et évoque surtout le pouvoir de l’oligarchie. « Il n’y a que les solitaires qui échappent à la gestion de leur vie ». Le loup qui traverse ces pages et la forêt de la Vienne illustre la liberté et la conscience, que le militaire Pierre Dhiboum tente de gagner en s’émancipant de l’obéissance propre à son métier.
Tour à tour sérieux et léger, avec un brin d’humour qui ne gâche rien à l’affaire, l’auteur semble s’être régalé à écrire, avec pour conséquence la satisfaction du lecteur, ravi de ne pas être déçu par cette invitation à prendre les chemins de traverse. Si ce roman signe la disparition de la commissaire Simona Tavianello, ne la regrettons pas et essayons de partager l’optimisme des dernières lignes du livre… Que vive l’utopie.
Caroline de Benedetti
Serge Quadruppani, Loups solitaires, Métailié, 2017, 240 p., 18 €