À l‘annonce de ce remake du chef d’œuvre d’Agatha Christie, on trépignait d’impatience devant un casting cinq étoiles : Kenneth Branagh, Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Josh Gad, Derek Jacobi, Penelope Cruz, Willem Dafoe, Daisy Ridley, Judi Dench etc. Après avoir visionné le film, on se demande si cette abondance de noms était vraiment nécessaire.
En effet, Kenneth Branagh s’emploie à capter toute la lumière : il joue un Hercule Poirot à l‘accent franco-belge douteux, malgré tous ses efforts (que l‘on peut rapprocher de la performance de Joseph Gordon-Levitt dans The Walk : Rêver plus haut) et incarne le fameux détective sous un jour torturé qui ne lui sied guère : l‘évocation d’un amour de jeunesse et la scène finale mélodramatique en sont les exemples phares. Seules Michelle Pieffer en Caroline Hubbard et Daisy Ridley en Mary Debenham réussissent à sortir leur épingle du jeu et à nous procurer quelques émotions.
Le réalisateur prend quelques libertés vis-à-vis de l’œuvre originale, comme on peut s’y attendre d’une adaptation, mais prend le parti discutable de l‘américaniser : Antonio Foscarelli, italien devient Biniamino Marquez, latino-américain et le colonel – devenu également docteur – Arbuthnot devient afro-américain, des choix plutôt audacieux mais qui n’apportent pas grand chose au propos. On regrettera également le non-respect du huis-clos, qui donne pourtant toute sa force à l‘intrigue originale.
On ne retiendra donc de ce film que sa beauté visuelle (mention spéciale à la scène d’introduction inédite à Jérusalem), ses décors somptueux et quelques bonnes idées de réalisation comme la scène de découverte du corps. On ne tardera pas à retrouver Hercule Poirot sur grand écran : la scène finale semble annoncer une adaptation prochaine du roman Mort sur le Nil, confirmée par les bons scores du film au box office américain.
Justine Vaillant