Lars Martin Johansson, passé d’enquêteur légendaire à haut responsable de la police suédoise, rouvre discrètement l’affaire non élucidée la plus célèbre de Suède : l’assassinat du Premier ministre Olof Palme en 1986. Il est officiellement question de faire le tri dans la masse de documents accumulés depuis vingt ans, avant la prescription de l’affaire. Mais face à ce qui reste le plus grand fiasco de la police suédoise, il demande à ses plus proches collaborateurs d’éplucher une dernière fois le dossier pour peut-être enfin trouver de nouveaux éléments et pourquoi pas le coupable.
À travers un fait réel historique, Leif G.W. Persson explore la société suédoise contemporaine et l’envers du miracle suédois. Pour autant, une grande connaissance géopolitique de la Suède n’est pas forcément nécessaire pour entrer complètement dans l’histoire : le personnage de Lisa Mattei, jeune inspectrice qui avait 11 ans lors du meurtre, pose un regard neuf et candide sur l’affaire, aux côtés de ses confrères plus expérimentés Anna Holt et Jan Lewin. Johansson, personnage fétiche de l’auteur dans plusieurs de ses romans, peut parfois agacé par son côté « voit derrière les coins » : il sait tout et a toujours un coup d’avance.
Avec un style rigoureux et minutieux et une intrigue qui avance pas à pas, ce pavé de presque 600 pages n’est pas de ces livres qui se lisent d’une traite. L’auteur, criminologue célèbre, sait de quoi il parle : le propos est dense et exigeant mais après une amorce qui pose les bases, on entre progressivement dans l’histoire pour se laisser embarquer dans cette enquête qui flirte entre fiction et réalité.
Justine Vaillant.
Leif G.W. Persson, Comme dans un rêve, Payot & Rivages, 2009, traduit du suédois par Esther Sermage, 23,50 €, 560 p.