Paris, 1912. Dimitri Ostrov, dit « Dimia », est le secrétaire particulier de l’excentrique comtesse Svetlana Slavskaïa. Après sept ans de bons et loyaux services, la comtesse décide de laisser Dimia entrer dans le « monde » lors de la grande soirée donnée par Monsieur Poiret, couturier iconique et grand ami de Svetlana, pour le lancement de sa ligne de parfums. Pour cette « Mille et deuxième nuit », les costumes persans sont de rigueur et la fête est grandiose. Mais au petit matin, Dimia retrouve la comtesse morte et sa rivière de diamants envolée…
Premier livre de l’auteure Carole Geneix, La Mille et Deuxième Nuit attire d’abord pour sa couverture colorée et son ambiance Belle Époque, plutôt que pour son côté roman policier. L’enquête policière et la recherche du coupable sont anecdotiques, au regard de la toile de fond baroque du Paris des années 1910. L’utilisation de faits et repères historiques aide : le couturier Paul Poiret et ses fameuses soirées qui marquèrent les nuits parisiennes ; le Titanic qui s’apprête pour son voyage inaugural à travers l’Atlantique, tandis que l’Europe assiste à la montée du nationalisme et de l’antisémitisme. Le style d’écriture est très imagé et détaillé et donne toute sa saveur à l’intrigue.
Les personnages participent également à l’attrait de l’histoire : Dimia, jeune juif fuyant les bolcheviks ; Oriane, danseuse d’Opéra et mannequin pour Poiret ; Igor, fils mal-aimé de la comtesse, etc. Leurs existences vont se croiser lors de cette soirée et basculer avec le meurtre tragique. Après une ellipse de vingt-cinq ans, on les retrouve avec plaisir en fin de lecture pour connaître l’issue de leur destin. On tourne les pages sans y penser et on apprécie le décor et la remontée dans le temps, parfait divertissement entre deux romans à l’intrigue plus conséquente.
Justine Vaillant
Carole Geneix, La Mille et Deuxième Nuit, Payot & Rivages, 2018, 19,50 €, 350 p.