Alors qu’il est en mission d’infiltration, l’inspecteur Martin Schwartz est appelé par une inconnue pour enquêter sur une affaire ayant eu lieu sur Le Sultan des mers, un paquebot de croisière. L’impossible s’est produit : Anouk, fillette de 11 ans portée disparue avec sa mère il y a quelques semaines, est soudain réapparue. La situation réveille des souvenirs douloureux pour Martin, dont la femme et le fils ont disparu dans les mêmes circonstances et sur le même bateau il y a cinq ans.
On ne présente plus Sebastian Fitzek outre-Rhin : c’est l’écrivain le plus lu en Allemagne, derrière l’indétrônable J.K. Rowling. Sa maîtrise du suspense et des différents ressorts d’une histoire en font une véritable machine à best-sellers. Le tout dernier traduit en français Passager 23 a le mérite d’être efficace : on ne s’ennuie pas lors de la lecture, mais on n’est pas franchement happé non plus. Parmi les autres personnages caricaturaux, le héros est un archétype vu et revu auquel on a du mal à accrocher : l’homme meurtri par la mort de ses proches qui doit faire face à ses démons dans une enquête qui lui rappelle son passé. La narration alterne entre l’enquête de Martin Schwartz, la détention de la mère d’Anouk et les pensées de Julia Stiller, une passagère dont la fille disparaît également ; un micro-récit qui ne présente que peu d’intérêt. Au final, on ressort avec l’impression d’avoir lu le scénario d’un blockbuster américain de base.
Malgré tout, l’auteur soulève avec raison – mais un peu de lourdeur – les problèmes des paquebots : le poids de l’empreinte écologique de ces monstres des mers, l’absence de service de sécurité indépendant des compagnies et le traitement des employés. Et surtout, le chiffre hallucinant de 23 disparitions par an en moyenne sur l’ensemble des bateaux de croisières et qui donne son titre au roman. Bref, pour ceux qui pourrait être tentés de vivre quelques semaines sur une ville flottante dédiée à l’oisiveté, ce roman a le don de refroidir l’ambiance. Un comble quand on apprend dans les remerciements que l’écrivain est lui-même un fan de croisières.
Justine Vaillant
Sebastian Fitzek, Passage 23, L’Archipel, 2018, traduit de l’allemand par Céline Maurice, 23 €, 418 p.