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Jeu de rôle aux Utopiales

Jeu de rôle aux Utopiales
Nicolas Lepaire, maître du jeu aux Lames du Cardinal

Depuis 7 ans Nicolas Lepaire anime une table de Jeu de Rôle aux Utopiales de Nantes. Cette année il propose de jouer aux Lames du Cardinal dans l’univers littéraire des romans de Pierre Pevel.

Comment as-tu découvert le jeu de rôle ?

J’ai découvert le jeu de rôle en boutique, il y avait des bouquins tous plus chelous les uns que les autres. Du Cthulhu avec des monstres bizarres, des mecs avec des mitrailleuses pas possibles. Ca m’a intrigué et je suis allé voir. Je joue depuis très longtemps à Warhammer 40000 et il y avait un bouquin de jeu de rôle sur Warhammer 40000. J’ai acheté le livre et j’ai commencé à lire et j’ai fait découvrir ça à mon association. On a commencé comme ça, à jouer entre nous en faisant n’importe quoi avec les règles. Puis petit à petit on a potassé. J’ai vu qu’il y avait un monde de jeux de rôle. Je joue à Dark Heresy, du Donjons et Dragons

Ici tu fais jouer les Lames du Cardinal, c’est bien ça ?

Oui avec des petites groupes de 8 à 13 ans. C’est de la découverte. Il n’y a pas de jets de dés, pas de calcul. Ça se joue avec un tarot. C’est très visuel. On a juste à gérer les couleurs et les figures. On manipule les cartes, parce que les dés cela reste abstrait. Les cartes sont plus accessibles, pour les enfants, que d’obscurs pourcentages.

Combien de temps dure une partie ? C’est plus de la découverte ? Ce n’est pas un public que tu connais ?

J’en retrouve certains d’une année sur l’autre. On est sur des parties de 45 minutes. C’est très rapide. On joue avec des systèmes de jeu simplifiés. Le but est que la personne s’amuse. Si elle n’a rien compris au système de jeu ce n’est pas gênant. L’essentiel c’est qu’en ressortant elle ait la banane jusqu’aux oreilles. Si elle s’est bien éclatée j’ai rempli ma mission. Elle ira chercher plus tard, si elle veut une expérience plus poussée.

Tu fais jouer des scènes ? Comment tu travailles ?

J’ai un scénario complet que je découpe en scénettes. On va faire entre trois et quatre scènes, avec une mise en place. Là on est dans l’univers d’Alexandre Dumas, donc Mazarin va donner la mission aux Lames. Les lames vont aller enquêter, elles vont résoudre leurs péripéties, rencontrer le méchant, le méchant va s’enfuir, on le poursuit, bagarre avec le méchant, c’est terminé. Les ennemis de la couronne de France kidnappent des enfants dans un orphelinat. Tout de suite ils se sont lancés à fond. Et puis il y a une dimension historique dans les lames. L’orphelinat à l’époque c’est dur, il est géré par les bonnes soeurs… Les joueurs réagissent : « ils maltraitent les enfants !  » Non, c’est le 17e siècle quoi, les enfants font leurs devoirs, leurs prières. Et eux ils continuent : « il faut sauver les enfants ! » Ils arrivent en mode sauveur avec les épées. Il faut les accrocher tout de suite et ensite ils déroulent. Mais ce n’est pas toujours simple. Les enfants n’ont pas le même câblage mental. Des choses que je trouve simples, qui me paraissent limpides, n’auront aucun sens pour eux et ils vont partir sur un autre plan, qui n’est pas forcément à exclure. Des gamins ont des très bonnes idées.

Les jeunes qui viennent sont-ils des connaisseurs ?

Ils connaissent, mais ils ne pratiquent pas forcément. Ils ont des notions par leur entourage, les médias… Ou alors les enfants viennent parce que le papa jouait il y a 20 ans à Donjons et Dragons. Il y en a qui viennent d’une année sur l’autre. Ils captent la mécanique, ils savent ce qu’est une fiche de personnage. Je n’ai jamais eu de profane complet. Il y a forcément une notion qui traîne, même si elle est vague.

Si tu devais expliquer en quelques phrases ce qu’est le jeu de rôle ?

C’est une activité ludique qui se joue en groupe et où l’entraide prime pour accomplir l’objectif. On joue au jeu vidéo seul chez soi, on ne joue pas au jeu de rôle tout seul, et je n’ai rien contre le jeu vidéo, je joue énormément. Il y a des gens qui font le parallèle, des parents qui nous laissent les plus jeunes parce qu’il n’y a pas le côté écran. Je ne suis pas pour ou contre, ce n’est pas la question. Mais il y a ce côté communautaire, on ne peut pas partir à l’aventure seul, contrairement à d’autres activités. Le jeu de rôle possède vraiment une notion de groupe et d’entraide.

Qu’est-ce que tu conseillerais pour des débutants ?

Quel que soit l’âge je conseillerais Les lames du Cardinal. Ce n’est pas un univers inexistant, il y a des dragons certes, mais c’est l’univers d’Alexandre Dumas. Même si un jeune de 8-9 ans ça ne lui parle pas forcément, D’Artagnan et compagnie, il visualisera rapidement, c’est un univers auquel il a sûrement été confronté. Il n’y pas de système de dé, pas de calcul. C’est juste l’utilisation des cartes, c’est très visuel, graphique, on comprend tout de suite ce qui se passe. Le jeu est très rapide, et il est basé sur l’entraide. On peut s’échanger les cartes. On discute de sa main ensemble pour être le plus efficace possible.

Pour quelqu’un d’un peu plus âgé, tout le monde ne sera pas d’accord, mais la cultissime série des Donjons et Dragons qui est lourde en terme de règles, mais qui existe depuis tellement longtemps qu’il n’y a pas une question pour laquelle il n’y a pas 40 000 pages de tutos sur le web. Si on a le goût de la recherche, qu’on a envie de s’y mettre, ce sont des jeux sympas et accessibles. Tout le monde connaît Donjons et Dragons, c’est Tolkien, les nains, les elfes. C’est facile de se projeter dedans. Pour moi ce sont les deux mamelles nourricières du débutant. Il faut un système simple, accessible et rapide à comprendre, et un univers dans lequel on puisse facilement se projeter.

Propos recueillis par Emeric Cloche.

lames_montage_boite_baseLes Lames du Cardinal ,un jeu de rôle édité par les éditions Sans Détour.