Dans le vaste domaine de la science-fiction, le space opéra est le genre fondateur par excellence. Il offre un cadre défini par certains codes qui lui sont propres. Nombreux sont les auteurs qui sans chercher à renouveler le genre, se servent de cette « boîte à outils » pour développer les thèmes qui les intéressent et apporter leur brique à l’édifice. John Scalzi fait partie de ceux-là. Tout du moins, pour ce qui est du cycle entamé avec Le vieil homme et la guerre et sa suite Les brigades fantômes.
Revenons à l’histoire : L’Union Coloniale continue son expansion dans l’espace, attaquant toutes les races extra-terrestres qui s’opposent à elle. Pour fabriquer les soldats des FDC (force de défense coloniale), les scientifiques de l’Union utilisent le transfert de conscience dans un corps plus jeune et plus performant. Les recrues sont volontaires et s’engagent pour une durée déterminée. Il y aussi les forces spéciales, ceux qui font le sale boulot, (si tenté qu’il existe un travail propre dans la guerre). Là, les scientifiques utilisent le clonage à partir d’ADN de personnes décédées. De cette façon, l’armée se retrouve avec des soldats surpuissants améliorés biologiquement mais avec un cerveau vide, d’où leur surnom de brigades fantômes. Alors, quand disparaît Charles Boutin, directeur de recherche et spécialiste du transfert de conscience, les généraux commencent à s’inquiéter. Quand ils se rendent compte que le chercheur est passé chez les ennemis avec des documents importants, c’est la panique. C’est là que ces brillants généraux ont l’idée de cloner Charles Boutin, avec l’espoir de comprendre sa trahison et de pouvoir le retrouver. Si cela marche tant mieux, sinon ils auront une nouvelle recrue pour les brigades fantômes. Ainsi naît Jared Dirac, soldat des forces spéciales avec en lui les gènes d’un traître.
Avec Les brigades fantômes John Scalzi continue à dévoiler son univers. Le rythme est plus lent que dans le premier opus, l’auteur en profite pour apporter quelques explications scientifiques aux technologies développées dans Le Vieil homme et la guerre. Emeric avait souligné dans sa chronique l’aspect géopolitique du livre. Je l’ai trouvé moins présent dans ce volume. Il reste en toile de fond pour laisser la place à l’introspection de Jared. Le questionnement du développement du cerveau et du fonctionnement de la mémoire me semble être central. John Scalzi revisite le mythe de Prométhée à l’aune du transhumanisme et des manipulations génétiques. Un clone peut-il garder des souvenirs dans son ADN ? Comment vit on dans un corps d’adulte sans être passé par l’apprentissage de l’enfance ? L’hommage à Frankenstein est évident. La lecture du livre Mary Shelley fait d’ailleurs partie de la formation des soldats des brigades fantômes. Malgré ces questions, John Scalzi évite les écueils de certains auteurs de SF qui veulent trop théoriser et oublient le lecteur. Loin d’être rébarbatif, l’aventure reste au centre du récit. Une fois le livre terminé, l’intérêt reste entier et on a envie de poursuivre avec le suivant.
Est-ce que l’on peut lire Les brigades fantômes sans avoir lu Le vieil homme et la guerre ? Oui certainement, car l’auteur apporte suffisamment d’informations pour comprendre l’univers. Toutefois pour un plaisir de lecture totale il est préférable de commencer par le premier.
À lire du même auteur : Les enfermés, La controverse de Zara XXIII, Le vieil homme et la guerre
Jean-Marie Garniel
John Scalzi, Les Brigades fantômes, édition l’Atalante, traduit de l‘anglais par Bernadette Emerich, 416 pages, 19,90€
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