Si l’on en croit Bob Dylan l’une des plus importantes source de petits polars sont les murder songs irlandaises et la Bible. À force de creuser le sujet il paraît clair qu’il a raison en ce qui concerne le folk nord américain. On compte d’ailleurs de nombreux petits polars dans les premiers albums de Dylan.
Le Folk regorge de faits divers, de meurtres, de viols, d’assassinats politiques, d’affrontements entres grévistes et briseurs de grèves. À une époque où il n’y a pas de radio, de télévision et encore moins d’Internet les chansons servent à colporter les nouvelles : le Titanic coule, on compose des chansons sur le tragique événement. Le catalogue Smithonian Folkways comporte des noms comme celui de Dock Broggs et sa chanson Pretty Polly, une sordide histoire enregistrée en 1927.
Dans l’album folk de Bob Dylan The Times They Are A Changin’ paru en janvier 1964 on compte un fait divers avec la Ballad of Hollis Brown, l’histoire d’un père de famille vivant dans la misère et qui massacre toute sa famille. Il y a aussi un meurtre politique (Only a pawn in their game) et un meurtre raciste avec The Lonesome death of Hattie Carrol.
Plus proche dans le temps, Nick Cave & the Bad Seeds dans le disque Murder Ballads (février 1996) propose un florilège de chansons de ce type. Les paroles de la mythique et traditionnelle Stagger Lee pourraient bien faire rougir quelques stars du gangsta rap.
Emeric Cloche.
Photo : Novembre, superposition, Emeric Cloche, 2018.