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Se divertir sans sortir

Se divertir sans sortir

« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre » (Pascal, Pensées, fragment 136 ou 139 selon éditions) D’où son besoin viscéral de se divertir – ce qui à l’époque signifiait « se détourner  de » … sa condition présente qui engendre l’ennui. Personne n’échappe à ce besoin, pas même le Roi qui occupe « le plus beau poste du monde ».

De là, sans doute, cette avalanche de conseils de ceux qui s’autorisent à penser à notre place comme disait Coluche, et que nous transmet la presse écrite : surabondance de « journaux de confinement » émanant de « confinés professionnels » : astronautes et sous mariniers, de sportifs de l’extrême (explorateurs et navigateurs solitaires) d’artistes par essence solitaire (peintres et écrivains ont généralement besoin de solitude pour produire). Leurs conseils sont parfaitement inutiles (voire ridicules) puisque tous rendent compte d’une expérience de confinement volontaire et d’équipements inaccessibles au commun des mortels… qui va plutôt souffrir de promiscuité ordinaire. 

Plus ludique et parfois franchement comique, le déferlement de blagounettes qui inondent les réseaux sociaux et que nous font parvenir les ami(e)s connecté(e)s. Ma préférée est celle-ci :

Se divertir sans sortir

Et la lecture ? Ma bibliothèque municipale est fermée mais si je jette un œil sur le contenu de mes étagères je dois avouer qu’il y a là plus d’un ouvrage jamais fini, voire jamais lu, et un tas de déjà lus, appréciés, mais oubliés : diable ! quinze ans déjà, Le complot contre l’Amérique ? Il paraît qu’on vient de l’adapter en série, ce pourrait être l’occasion de le relire.

Pas vraiment envie de relire La Peste de Camus ni Le Hussard sur le toit de Giono, mais pourquoi pas Le Masque de la Mort Rouge d’Edgar Poë ? Si j’avais le film de Roger Corman sous la main, j’opterai pour lui : la photographie est de Nicholas Roeg, le rôle de Prospero est tenu par Vincent Price. Pas revu depuis sa sortie, époque où je ne ratais aucune adaptation de Poe par Corman  !(j’ignore si cette série a fait l’objet d’un coffret ! )

Peut être vais-je aller voir du côté de Boccace qui écrivit son Décaméron (1348-1354) pendant la grande peste qui sévit à Florence. Le texte intégral est disponible sur Wikipedia. Je vous recommande la 4e nouvelle de la dixième journée, une histoire de morte vivante plus gaie que celle d’Edgar Poe ! La superbe adaptation de Pasolini.

Et puis si vous avez la chance d’avoir sous la main une anthologie des Histoires bizarres de T.C. Boyle, vous pourrez vous régaler à la lecture des nouvelles regroupées sous le titre Après le fléau.

Vous ne pouvez plus aller au cinéma, vous n’avez pas la télé, et votre vidéothèque ressemble au rayon P.Q. des grandes surfaces : Arte Replay va vous sauver !…

Kif kif pour les concerts : de Jessy Norman à Iggy Pop, du HellFest à la Route du Rock, de The Divine Comedy à Bumcello, il y en a vraiment pour tous les goûts.

Jocelyne Hubert

Illustration : John William Waterhouse, A Tale from the Decameron, 1916.