« Le best-seller qui révolutionne le thriller historique. »
Bien sûr, il ne faut pas être naïf et prendre pour argent comptant une 4e de couverture. Mais s’il est impossible de contester que 1793 soit un best-seller (il faudrait vérifier les chiffres), nous savons depuis longtemps qu’un succès dans les ventes n’est pas forcément signe de qualité. Quant à la révolution, elle se trouve plutôt dans la décapitation de Marie-Antoinette.
Les personnages plantés par l’auteur respectent les codes du genre : une touche de désespoir (Winge va mourir de la tuberclose) et un brin de brutalité (Cardell est revenu de la guerre avec un bras en moins). Le décor, comme il se doit pour un roman situé en Suède à la fin du 18e, suinte la misère, la crasse et la puanteur. L’intrigue démarre avec la découverte d’un cadavre atrocement mutilé (et ce n’est rien de le dire) que Cardell va repêcher dans une eau stagnante pleine de merde. Ne froncez pas du nez, c’est du polar historique.
La mise en place des ingrédients prend du temps, beaucoup de temps. 130 pages avant un changement de voix, puis encore 60 pages avant une (petite) surprise. Nous découvrons un jeune narrateur qui se rêvait médecin, puis une jeune fille victime des hommes et punie par leur loi. Le dernier tiers du roman, un peu plus dynamique, relie les fils entre eux. La trame se dessine sur fond, très lointain, de manoeuvres politiques qui amène sans doute la fameuse référence à James Ellroy en 4e de couverture. Sans surprise, l’aristocratie est sadique et lubrique, le peuple sale, affamé et cruel. L’écriture, purement fonctionnelle, oscille entre envolées sur la « robe d’or » que le lever du soleil pose sur la ville, et phrases lourdes qui interrogent la traduction. « J’ai besoin de temps pour réfléchir, et c’est justement ce dont j’ai très peu. »
Il reste une certaine habileté dans le dernier quart de l’histoire, lorsqu’elle s’attarde sur les destins sacrifiés et la possibilité d’une justice, quelque part. On se demande tout de même en quoi 1793 révolutionne le genre ? Il a toutefois reçu de toute part des critiques dithyrambiques, alors tentez l’aventure !
Caroline de Benedetti
Niklas Natt och Dag, 1793, Sonatine, 2019, traduit par Rémi Cassaigne, 22 euros, 448 p.