Peping, étudiant en criminologie, se marie et sa nuit de noce ne va pas ressembler à ce que l’on imagine. Pas plus pour lui que pour nous. Kinatay reçoit le Prix de la mise en scène en 2009 au 62e Festival de Cannes.
Le réalisateur philippin Brillante Mendoza est prolixe. En 2005, Le Masseur (Masahista) traite de la prostitution homosexuelle et remporte le Léopard d’or de la vidéo (Festival International du film de Locarno), John John est présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2007, et Serbis qui relate la vie dans un cinéma porno est aussi à Cannes en 2008.
Lent et implacable, le film commence à la façon d’une comédie filmée comme un documentaire. Les scènes tournées en lumière naturelle et caméra à l’épaule n’y sont pas pour rien. La musique de Teresa Barrozo est discrète et passe d’une musique d’écran à une musique de fosse sans que l’on s’en rende compte. Esthétique glauque et sordide, violence, passage à l’âge adulte, cupidité, corruption… Kinatay s’éloigne de la lumière pour entraîner le spectateur dans l’ombre, et quitte l’effet documentaire pour devenir « naturaliste ». L’horreur est renforcée par la lenteur, et la réalisation précise monte crescendo. On ressort de là nauséeux et secoué.
Emeric Cloche
Brillante Mendoza, Kinatay, 1 h 44 min, 2009.