« -Étrange. Même le meurtre n’est pas interdit ?
-Il enfreint la coutume – dans certains cas du moins. Les Assassins professionnels de la Guilde exercent malgré tout leur métier sans susciter la moindre réprobation publique. En général, les gens de Cath font ce qu’ils estiment opportun de faire, quitte à subir plus ou moins l’opprobre. »
Le Chasch, premier tome du Cycle de Tschaï était axé aventure et exploration. Le côté pulp du roman suintait à chaque page. Dans Le Wankh – deuxième opus de la série – tout s’approfondit. Jack Vance construit un monde, décrit la planète Tschaï et ses mœurs. Les personnages gagnent en épaisseur. Un peu de sociologie permet même d’esquisser des champs de force sociétaux qui les dominent. Le personnage d’Ylin-Ylan, victime de la pression de la société de Cath, ajoute une couche de noirceur au milieu de la fantaisie. Si le monde de Tschaï est plein de surprises, il semble particulièrement rude pour la gente féminine.
Tout cela reste cependant très classique (voire un peu vieillot). Le héros Adam Reith, pur produit de son époque, épouse une morale conservatrice de la fin des années 60 aux USA. Sur Tschaï comme sur terre les hommes veulent une retraite paisible, avec une maison et une femme (jeune et belle) pour s’occuper d’eux. Adam Reith ne déroge pas à la règle. D’autre part, Reith semble destiné à être l’élément déclencheur d’une prise de conscience des Hommes de Tschaï qui vivent dans l’ombre d’autres races. Notre héros est en quelque sorte la « Bonne Parole », celui qui détient la bonne façon de vivre.
Le Wankh possède une saveur surannée, mais ne boudons pas notre plaisir. L’invitation au voyage fonctionne. Le scénario offre un imbroglio et des rebondissements dignes des romans de cape et d’épée, pour le meilleur et pour le pire. Aventures à suivre avec Le Dirdir.
Emeric Cloche
Jack Vance, Tschaï, traduction de Michel Deutsch révisée et complétée par Sébastien Guillot, préface et illustration intérieur de Caza, J’ai Lu 2016 pour cette édition, 923 pages, 10,90 Euros.