En débarquant à 23 ans avec Paris la nuit en 2010, Jérémie Guez avait impressionné les connaisseurs du genre et s’affichait comme un auteur incontournable de la jeune génération. En 2014 paraissait son roman historique Le dernier tigre rouge et puis… l’auteur a laissé la littérature pour le cinéma. Les âmes sous les néons marque son retour.
Ceux qui l’ont déjà lu connaissent son admiration pour James Ellroy. Là ou l’américain décortique à sa façon l’histoire de son pays, le français met en scène des personnages de jeunes pris entre délinquance et bourgeoisie. Les quartiers côtoient les grands appartements aux plafonds hauts. Son nouveau livre prend un chemin légèrement différent. L’auteur quitte Paris pour Copenhague, sans que cela ait grande importance. La ville n’est pas caractérisée comme chez d’autres auteurs. Le sujet de Jérémie Guez est ailleurs, dans la rencontre des mondes. Une femme découvre, à la mort de son mari, que leur richesse est liée à la pègre. Elle va devoir affronter seule ce lourd héritage. Un homme semble vouloir l’aider, par loyauté au défunt.
L’écriture sèche et descriptive est toujours là, prenant la forme de vers libres. On retrouve dans Les âmes sous les néons ses thèmes, la boxe, la lutte de territoire, l’affrontement. La rencontre entre l’homme et la femme provoque des changements irrémédiables. Elle doit abandonner sa passivité de mondaine et de mère au foyer (avec nounou, tout de même), lui doit régler ses comptes avec le crime.
On apprécie la concision, la sécheresse, la violence toute crue. Le revers de cette concision tient dans le peu d’aspérités des personnages. Sous les néons, ces âmes donnent des images froides. On admire l’écriture tout en restant détaché de l’histoire, mais heureux de retrouver l’univers de Jérémie Guez.
Caroline de Benedetti
Jérémie Guez, Les âmes sous les néons, La Tengo, 2020, 172 p., 15,50 euros