À l’abri du regard des parents, des enfants découvrent qu’ils ont des pouvoirs surnaturels les reliant les uns aux autres. The Innocents de Eskil Vogt, Prix du public et de la critique au Festival de Gerardmer, est une réussite glaçante.
The Innocents commence lentement et la pression monte au fur et à mesure que la cruauté des enfants s’épanouit. Au trois quarts du film, la tension devient insupportable. Elle est principalement psychologique : Eskil Vogt ne verse pas dans le gore. L’épouvante domine et ne bascule dans la terreur que le temps de quelques scènes.
Les enfants sont au nombre de quatre. Deux têtes blondes, la petite Ida et sa soeur autiste, Anna. Ben vit seul avec sa mère, tout comme Aisha. Les amitiés et rivalités ordinaires sont poussées au maximum, car les enfants ont le pouvoir de gravement faire du mal.
Les jeunes acteurs jouent admirablement leur rôle. Les émotions transparaissent dans la gestuelle et les regards. Les adultes sont dans un monde lointain, ils ne voient pas ce qui se passe. Le décor réaliste et simple renforce le côté banal de la vie de la petite cité où le drame prend toute sa place. The Innocents est aussi un film sur l’enfance, un film sensible, pas didactique même si la question de la morale – ou de son absence – se pose. On pense à des associations de mots comme « réalisme social », « psychologie », « sociologie » et… « terreur ».
Le fantastique qui se déploie ici est anxiogène et met mal à l’aise. C’est celui d’un méchant Stephen King. On pense aussi au film Morse (Tomas Alfredson avant qu’il ne se fourvoie avec Le bonhomme de neige…) autant pour le décor de HLM et la forêt que pour la maîtrise de la progression de l’histoire ; cette tension qui laisse quelque peu hagard.
Emeric Cloche et Caroline de Benedetti