Frasse Mikardsson, docteur en éthique médicale, a lui-même participé à l’enquête autour de ce fait divers survenu en Suède en 2017. L’aspect véridique de l’enquête (avec des extraits de rapports) donne un côté didactique (notamment dans les dialogues) qui vide les personnages de leur envergure romanesque. La lecture fonctionne tout de même grâce au sujet et aux questions qu’il met en avant.
Nous retrouvons la médecin légiste Sara, qui officiait sur la découverte du cadavre d’une pasteure à la retraite retrouvé dans le presbytère de la petite ville suédoise de Sigtuna (Autopsie pastorale, éditions de l’aube). Mais dans Je crois que j’ai tué ma femme, l’affaire n’est pas du même ordre. On suit ici des immigrés du Kurdistan habitant en Suède, et un crime lié à la violence conjugale. Nous apprenons très peu de chose sur les victimes en dehors de la violence du crime. Le décor est étrangement absent alors qu’il était précis dans Autopsie pastorale. Le style de Frasse Mikardsson se fait moins drôle et moins caustique, la gravité du sujet ne permettant pas la désinvolture du premier tome. Si Autopsie pastorale se rangeait dans la catégorie des romans d’enquête où nous cherchions frénétiquement qui a tué, Je crois que j’ai tué ma femme est un roman noir qui analyse les champs de force de la violence à l’encontre des femmes. Ici la question est clairement : pourquoi le crime ? Crime d’honneur ? Crime d’un déséquilibré ? Tout le monde n’est pas d’accord sur la réponse avancée.
Emeric Cloche
Frasse Mikardsson, Je crois que j’ai tué ma femme, L’Aube Noire, 2022, 274 pages, 18,50 Euros.