Géorgie, 1983, porter un jean dans cette république de l’URSS est un signe de dissidence. À Tblissi, sept étudiants rêvent de liberté et de l’Occident. Ils veulent fuir, pour cela ils ont un plan, et le plan va mal tourner… Le journaliste géorgien Dato Tourachvili raconte dans un court récit la prise d’otage et le détournement d’avion que ces jeunes entreprennent.
« Je n’avais pas prévu de publier ce livre, car je pensais naïvement qu’après la chute de l’URSS le passé soviétique de la Géorgie ne serait plus qu’un amer souvenir. J’avais tort. » C’est par cette phrase que l’auteur commence cette triste histoire à charge contre le régime géorgien et soviétique. La phrase et le livre résonnent cruellement avec ce qui se passe actuellement à l’Est.
Le livre, écrit de manière journalistique, possède la puissance des faits divers mis en roman. L’époque (les années 80) est retranscrite à l’aide de petit détails (le poster d’un groupe de rock, un vêtement…) ; les photos noir et blanc des protagonistes à la fin de l’ouvrage renforcent l’impression de réalité. À travers la tragédie se dessinent des champs de force implacables, l’oppression, le romantisme, la rage de vivre d’une jeunesse qui ne voir pas d’avenir devant elle.
Une lecture qui complétera le voyage géorgien entamé avec La baignoire de Staline de Renaud S. Lyauté.
Emeric Cloche
Dato Tourachvili, Génération Denim, traduit du géorgien par Alexander Bainbridge pour Robert Laffont, collection La Bête Noire, 214 pages, 2022, 19,50 Euros