Bienvenue à Nice. « Le ciel d’ici, il est jaloux qu’on regarde un tapis davantage que lui. Alors chaque année, il nous fait un esclandre. » Laissez-vous emporter par la voix du narrateur, elle vous emmène à la rencontre de deux sœurs.
En 1940, dans les montagnes au-dessus de Nice, Carmine donne naissance à Agonie et Félicité. Autour d’Agonie les choses vieillissent et meurent alors que des papillons s’échappent de sa bouche. A Félicité, la mère offre « des caresses et des théières ». La première deviendra sorcière, l’autre passeuse de morts.
Toute l’histoire forme une enquête dans la vie de ces femmes. Pourquoi Carmine a préféré une de ses filles à l’autre ? Comment expliquer ses voyages rituels en Espagne, et sa mort violente en 1986 ?
Dans ce monde étrange imaginé par Chris Vuklisevic, les êtres inadaptés doivent se trouver une place. Tant bien que mal. Chaque histoire familiale porte ses secrets et ses drames. Rien de nouveau, dans le fond, mais dans la forme c’est le merveilleux qui l’emporte, et emporte le lecteur. Du thé pour les fantômes se lit comme une aventure au milieu des contes et légendes. Les descriptions de la ville de Nice, et des montagnes de l’arrière-pays, renforcent l’ambiance du livre. Félicité et Agonie suivent un long chemin pour que les morts reposent en paix. Et l’autrice s’y entend pour faire surgir l’émotion.
Caroline de Benedetti
Chris Vuklisevic, Du thé pour les fantômes, Denoël/Lunes d’Encre, 2023, 21 €, 448 p.