Vanessa Chapman, artiste à la renommée mondiale, est morte. L’île écossaise d’Eris est maintenant la propriété de son amie Grace Haswell. Dans son étrange testament, elle lègue l’intégralité de son œuvre à une fondation artistique.
Il ne faut pas avoir peur des frissons glacés et des cœurs battant la chamade pour se plonger dans L’Heure bleue de Paula Hawkins. Mais après tout, le genre se construit en partie sur les clichés littéraires et les poncifs… l’écueil sera aisément mis de côté. Les situations et les personnages que l’on découvre ici sont complexes et ce n’est pas pour rien que le nom de Daphné du Maurier apparait au début du roman.
Nous le savons depuis le roman gothique, les maisons de bord de la mer ont un charme indéniable. D’autant plus que celle dont il est question ici se trouve sur une île, accessible uniquement à marée basse par une petite route. Le passage – comment ne pas penser au Gois de l’île de Noirmoutier dans Maléfices de Boileau et Narcejac – qui relie l’île à l’Écosse est un élément de l’histoire ; tout comme cette étrange forêt près de la maison, ou ce rocher face à la mer au sommet duquel la peintre Chapman aimait poser son chevalet. Que ce soit en réalité ou en fiction, ce type décor nous est familier.
Bien plus roman gothique que thriller, L’Heure bleue parle avant tout de femmes et de solitude. La peur d’être abandonné (un sujet cher à Paula Hawkins), l’amitié, le désir de liberté et l’amour : ces thématiques s’entremêlent au fur et à mesure que nous découvrons l’histoire de Vanessa et de ses proches. L’histoire rejoint celle du précédent ouvrage de l’autrice britannique Angle mort. À ceci prêt que l’émotion qui nous a manqué dans ce court roman est bien présente dans L’heure bleue.
Emeric Cloche
Paula Hawkins, L’Heure bleue, traduit de l’anglais par Corinne Daniellot et Pierre Szceciner pour Sonatine, 2024, 23 Euros.