Les lectures

OVNIS du polar

En 2009 sur le blog Duclock, nous faisions une liste d’OVNIS du polar qui nous avaient marqués. Des one-shot, unique œuvre d’un auteur, soit qu’il n’en ait pas écrit d’autre ou dans un genre différent, soit que le reste des ouvrages n’ait pas été traduit. Principalement des « perles de la Série Noire ».
Profitons de l’été pour ressortir cette liste et la compléter.

Londres Express (1966), de Peter Loughran, ou le voyage en train d’un marin qui livre ses pensées intimes et dérangeantes sous forme d’un monologue intérieur. L’irlandais a écrit trois autres romans, dont Jacqui, traduit en 2018 par Tusitala.
La bouffe est chouette à Fatchakulla (1978), de Ned Crabb, ambiance banjo, bières, bayou et meurtres étranges dans un bled paumé ou seul Linwood Spivey le type le plus futé, qui se trouve ne pas être le shériff, peut résoudre l’enquête. Ned Crabb serait journaliste à New-York. Depuis, il a écrit un roman paru chez Gallmeister.
Catégorie one-shot authentique avec James Ross, qui n’a eu qu’un faible succès avec Une poire pour la soif (1940), pourtant digne de figurer à côté d’un James M. Cain ou d’un Charles Williams. Histoire bien noire dans un roadhouse de la campagne profonde du sud des Etats-Unis, entre contrebande d’alcool et tentative pour faire quelque chose de sa vie.
Cosmix Banditos (1986), d’AC Weisbecker dans lequel on suit un trafiquant américain planqué dans la jungle en Colombie avec son chien High Pockets et son serpent Legs, entouré de banditos décanillés de la cervelle. Roman plein de mescal, de cocaïne, de mécanique quantique et de délires cosmiques. Un one-shot, jusqu’à ce que l’auteur ne sorte son deuxième roman en 2001, À la recherche du capitaine zéro.
Le Charlatan (1946), de WL Gresham, roman chouchou d’Emeric Cloche, dans lequel on suit un arnaqueur qui monte son coup dans le milieu forain avec un numéro de magie, avant de se diriger vers le prêche ; un portrait de salaud incroyable. Quatre autres romans à l’actif de l’auteur, mais seul celui-ci est traduit en français, republié et réadapté au cinéma.
Le Grossium, de Stanley G. Crawford. Difficile à qualifier. C’est une sacrée curiosité, improbable, déconcertante et drôle. On y retrouve un patchwork de personnages et situations hard-boiled et un univers de science-fiction. Le héros de cette aventure s’appelle Gascogne, il règne sur un empire composé de station-services Big Papa, de trafic de voitures, corruption de fonctionnaire de police… Un truand. Mais l’univers du truand pète un fusible, un ours des cocotiers géant est de la partie, sans compter sur une hallucinante scène de trafic de souris miniatures visant à déstabiliser l’empire soviétique. Le tout écrit fin des années 60, préfacé par Marcel Duhamel. Inracontable, mais à essayer.
Dernière station avant Jérusalem d’Alain Demouzon fait partie des OVNI. Roman noir classique avec flic qui enquête sur un meurtre, le profil se complique quand apparaît dans le roman un bouquin qui raconte aux personnages les tenants de leur enquête… Le tout dans un décor abracadabrantesque.
La mort et la belle vie, seul roman écrit par le poète Richard Hugo, mérite sa place dans cette liste. Dans les décors du Montana, familiers aux lecteurs de Crumley, Al la tendresse, flic improbable, poète inachevé, doit résoudre le meurtre de deux hommes tués par une géante portant une hache. Toute la petite communauté est concernée. La petite ville, le shérif, le flic, le décor, les femmes fatales, les brutes et les gentils, on est bien dans un polar. Mais Richard Hugo l’aménage à sa sauce. D’une part avec une écriture tout en poésie, puis avec un traitement de la structure de l’histoire qui n’a rien d’habituel. Depuis, le roman a inspiré une série télé française, Alex Hugo.
Ketchup Karma de Fred Willard, quand le Dortmunder de Westlake (pour le côté gangsters sympathiques) rencontre les dialogues vifs des premiers Tarantino, ça donne une grosse poilade. De celles qui tirent une larme joyeuse.
Captain Blood de Michael Blodgett, la virée que le lecteur effectue aux côtés de ce bon samaritain alcoolique a un parfum étrange. Tour à tour drôle, puis lassant, et enfin glaçant, ce Captain surprend résolument.
Miami Purity de Vicky Hendricks (1995), un polamour bien chaud parce que c’est l’été et que Sherri se fait embaucher dans une blanchisserie où son arrivée va faire… des étincelles.

Il existe d’autres OVNI et one-shot, dans d’autres collections. Si vous avez des tuyaux, faites circuler !

Londres Express (1966), de Peter Loughran – Gallimard/Série Noire réédition Folio Policier
La bouffe est chouette à Fatchakulla (1978), de Ned Crabb – Gallimard/Série Noire réédition Folio Policier
Une poire pour la soif (1940), de James Ross – Gallimard/Série Noire réédition Folio Policier
Cosmix Banditos (1986), d’AC Weisbecker – Gallimard/Série Noire réédition Folio Policier
Le Charlatan (1946), de WL Gresham – Gallimard/Série Noire
Le grossium (1966), de Stanley G. Crawford – Gallimard/Série Noire
Dernière station avant Jérusalem (1994) d’Alain Demouzon – Gallimard/Série Noire
La mort et la belle vie (1980) de Richard Hugo – Domaine étranger 10/18
Ketchup Karma (1999) de Fred Willard, Fleuve Noir
Captain Blood (1994) de Michael Blodgett, Rivages/Noir
Miami Purity (1995) de Vicky Hendricks, Rivages/Noir