La Baie de Barataria (déjà défigurée par l’industrie du pétrole) a été dévastée par l’ouragan Katrina en 2005, et par l’accident de la station pétrolière Deepwater Horizon appartenant à BP le 20 Avril 2010. Les gens qui habitent le coin ne peuvent plus subsister uniquement grâce à la pêche comme autrefois. Les crevettes et les crabes, les poissons meurent à cause de la pollution. Les restaurants de la région préfèrent servir des crevettes importé de Chine et ils ne s’en cachent pas.
Tom Cooper plante le décor (les descriptions de la nature ne sont pas sans évoquer les romans de James Lee Burke) et présente une galerie de personnages hauts en couleurs (moins outrés cependant que ceux que croise Dave Robicheaux). Tous tentent de survivre dans ce qui ressemble à un enfer. Les spectateurs de la série True Detective Saison 1 retrouverons quelques décors : ces marais, longues étendues désertiques traversées par un immense oléoduc où au loin une usine crache ses fumées. Mais le bayou autour de la ville de Jeanette est autrement plus touffu et peuplé d’alligators, de rats musqués, de ragondins et d’araignées grosses comme le poing. C’est un endroit hostile tout comme la baie où les pêcheurs tentent de gagner leur vie.
Les îles et îlots de la Barataria sont aussi un ancien repaire du flibustier Jean Lafitte et de nombreux pirates dans les années 1800. Tom Cooper exploite cet élément. Si le propos n’est pas joyeux et que l’échec et le désarroi sont deux fins de non recevoir pour la plupart des personnages, une légère dose d’humour vient alléger la noirceur. Un premier roman prometteur.
Emeric Cloche
Tom Cooper, Les Maraudeurs, Albin Michel, 2016, 22€, 399 p., traduit de l’américain par Pierre Demarty