Vous a-t-on déjà dit que les marchés financiers sont partout et nulle part, qu’untel écrasera unetelle sans scrupule pour garder son boulot, que la crise et le terrorisme calment la population plus sûrement qu’une prison, et que la cupidité règne et la lâcheté aussi ?
Rui Zink le répète à travers la voix de deux personnages, deux installateurs de peur, une bonne idée dont on aurait apprécié qu’elle serve à autre chose que nous répéter à quel point le monde est pourri. « Ben oui mes braves messieurs », a-t-on a envie de répondre à leurs longues tirades. Ces évidences prennent trop de place dans un roman déjà court, où l’on est plus intéressé par l’étrangeté de la femme qui les reçoit chez elle, et par les éléments « réels » (mails, journaux) apportés dans le récit. Il y avait sans doute plus surprenant à faire, pas tant au niveau du scénario que de ce que le roman dit du monde. Il aurait fallu gratter à un endroit qui ne soit pas déjà irrité de toutes parts.
Caroline de Benedetti
Nota : L’installation de la peur a reçu le Prix Utopiales 2017.
Rui Zink, L’installation de la peur, traduit du portugais par Maïra Muchnik, Agullo, 2016, 17,50 €, 177 p.