Dans ses romans, Megan Abbott parle des femmes et en fait de beaux portraits, souvent tragiques. Nous lui avons consacré plusieurs chroniques dans L’Indic : vous pouvez par exemple vous procurer Absente et nous en dire des nouvelles.
Vilaines filles met en lumière les relations entre plusieurs adolescentes pompom girls, en anglais on dit cheerleaders. Ces gymnastes spectaculaires sont une version plus glamour des majorettes que les petites filles rêvent parfois de devenir. Dans les lycées américains, elles forment un groupe à part. Les stars du lycée. Au moins dans les films et les livres…
À un âge délicat, les hormones et la sensibilité au top, l’impact de la moindre petite histoire est multiplié par dix. C’est ce que vivent deux amies d’enfance, deux cheerleaders confrontées au groupe et à l’arrivée d’une nouvelle coach charismatique. Derrière l’aspect idyllique de leur relation, l’auteure montre petit à petit jalousie, manipulation, domination et rapport aux adultes. Rien que du classique, mais Megan Abbott a bien restitué l’esprit de ces adolescentes et plonge le lecteur dans une ambiance de superficialité mêlée de sentiments exacerbés. Elle capte aussi une époque, où les petits mots échangés sur des papiers pliés en quatre sont devenus des SMS qui font vibrer les portables en plein entraînement. À la lecture du roman, l’envie pourra vous prendre d’exécuter vous aussi un basket toss ou un flip arrière. Vilaines filles rappelle l’univers de Laura Kasischke, cette dernière étant encore plus forte, il faut le reconnaître, notamment dans Rêves de garçon.
Caroline de Benedetti
Megan Abbott, Vilaines filles, Le Masque, Le livre de poche 2015, 384 p., 7,30 €, traduit de l’anglais par Jean Esch