Ce roman de 1997 (Beyond Recall) publié par Sonatine en 2014 est ici l’occasion de découvrir un auteur précédemment édité par Belfond dans les années 90.
L’auteur anglais semble situer tous ses romans dans des petites villes et faire des retours dans l’Histoire. La quatrième de couverture vise pour une fois juste en faisant la filiation avec Elizabeth George et Thomas H. Cook. Mieux écrit que les romans de l’américaine, Le retour a la force de la simplicité et l’efficacité du choix de narration (allers-retours entre passé et présent).
« Vivre dans le passé. Cette phrase est toujours employée de façon péjorative, comme si le passé était nécessairement inférieur au futur, ou en tout cas moins important : on ne reproche jamais à personne de regarder vers l’avant, seulement de regarder en arrière. »
L’enfance se pare d’illusions, magnifie les lieux et les adultes, et ne saisit pas tout des secrets chuchotés. Le plus souvent, ces souvenirs demeurent inchangés. Sauf quand le suicide d’un ami d’enfance pose question. C’est ce qui arrive à Chris, qui découvre que son passé cache une vérité. Il lui faut alors regarder sa famille et ses amis d’un autre œil. Il devra dépoussiérer ses souvenirs, marqués par la figure charismatique du grand-père revenu d’Amérique les poches pleines, transformant la vie des siens dans l’Angleterre de l’après-guerre.
La fortune attire les convoitises, cette évidence prend chair pour Chris dont l’enquête donne une autre teinte aux vieilles photos et met à mal ses parents toujours vivants. Les conséquences du passé se font parfois ressentir sur des descendants qui n’ont rien demandé. Les guerres le montrent sans cesse. Chris tentera sans surprise de réparer un crime et une injustice, et c’est raconté avec une sensibilité qui accroche immédiatement le lecteur. L’enquête est portée par les témoignages, les paysages, les personnages secondaires avec le classique journaliste et une femme mystérieuse.
Reste à découvrir les 5 autres romans publiés par Sonatine, en espérant qu’ils ne souffrent pas du même travers que ceux de Thomas H. Cook, trop souvent bâtis sur le même (facile) modèle narratif.
Caroline de Benedetti
Robert Goddard, Le retour, Sonatine, 2014, 22 euros, 400 p., traduit de l’anglais par Elodie Leplat. Le livre de poche, 2015.