En 2019, la ville allemande fictive de Winden se prépare à tourner la page du nucléaire : dans quelques années, sa centrale fermera ses portes. Mais la petite ville est surtout frappée par la disparition d’un de ses enfants et chacun essaye de comprendre mais aussi de se rassurer : il ne s’agit pas d’un meurtre, l’adolescent a dû faire une fugue, ce genre de choses n’arrive pas à Winden. Pourtant, un second enfant disparaît dans les bois. Ulrich, policier et père du dernier enfant disparu, et Jonas, adolescent tourmenté par le suicide de son père, commencent chacun une traque où les destins de quatre familles s’entremêlent à la lumière du passé, du présent et du futur.
Sortie le 1er décembre sur la plateforme Netflix, la série Dark fait déjà des émules et cela est bien mérité : difficile de ne pas succomber à la mode du binge-watching et ainsi enchaîner frénétiquement les dix épisodes de cinquante minutes chacun. La création de Baran bo Odar (à qui l’on doit le film Il était une fois un meurtre) et Jantje Friese est loin d’être une simple copie du – à présent culte – Stranger Things, comme ont pu le dire certains de ses détracteurs.
Le générique hypnotique, autant par sa musique que par son visuel, plante le décor. L’atmosphère de cette petite ville pluvieuse, entourée de forêts et surplombée par les cheminées des réacteurs nucléaires, est inquiétante et mélancolique à souhait. La musique distille la parfaite dose de frisson et de suspense lorsque les événements et révélations s’enchaînent.
Alors que les secrets sont légion, chacun tente de comprendre les phénomènes étranges qui se succèdent. Les personnages – grands-parents, parents et enfants – sont attachants et chacun à droit à sa petite histoire qui rejoint la grande intrigue : les relations qu’ils entretiennent se développent à mesure qu’on entrevoit leur passé, de 1986 à 1953. Cette richesse de récits s’avère parfois un peu déroutante et il peut être nécessaire de prendre des notes afin de saisir tous les enjeux de cette série exigeante.
En filigrane, on suit l’évolution de l’industrie nucléaire en Allemagne : de la construction de la centrale à sa fermeture imminente, en passant par la catastrophe de Tchernobyl, Winden vit au rythme de cette entreprise pas comme les autres qui, avec son lot de secrets et de mensonges, a précipité sa chute.
Polar fantastique et surnaturel, Dark est parfait pour les longues soirées d’hiver, même si la fin nous laisse sur notre faim et qu’on en reprendrait bien une tranche. En espérant que Netflix reconduise la série pour une saison 2, car Winden nous manque déjà.
Justine Vaillant