Six jours plus tôt, un volcan s’est effondré dans l’océan, entraînant une vague gigantesque qui a noyé le monde autour de Pata, Madie et leurs neuf enfants. En haut d’une colline, leur maison a tenu bon mais bientôt l’eau recommence à monter et le stock de nourriture baisse à vue d’œil. Ils n’ont plus le choix, il faut partir pour tenter de rejoindre les terres hautes. Leur barque n’est pas assez grande pour tous, il va falloir choisir entre les enfants. Qui de Liam, Matteo, Louie, Perrine, Noé, Lotte, Émilie, Sidonie ou Marion va devoir rester sur l’île ?
L’auteure nous embarque dans son histoire et il est bien difficile de lâcher le livre une fois la lecture commencée : le contexte post-apocalyptique apporte sa dose de stress et de suspense. La narration alterne entre les trois enfants restés sur l’île et le reste de la famille parti sur l’eau, le style est fluide et on navigue entre les personnages avec facilité. Leurs différents points de vue donnent une profondeur au propos : les enfants restants cherchent à comprendre, pourquoi eux et pas les autres ? La mère, Madie, écartelée entre ses neuf enfants, n’espère qu’une chose : tous les retrouver sains et saufs. Le père, Pata, ne pense qu’à un seul mot : assassin, car c’est lui qui a choisi quels enfants devaient rester, selon une logique implacable.
La famille est le point central de l’intrigue : les secrets, les non-dits, les liens, les habitudes mais surtout l’amour qui soude les membres entre-eux. Malgré l’horreur du récit, Juste après la vague a quelque chose de poétique dans la description de ce monde englouti et de cette maison, seule rescapée du village, sur son monticule. Un sentiment qui est également apporté par une partie du récit racontée à travers les yeux des enfants, innocents et pourtant bien conscients du danger qui rode et de l’implacable issue. Des ingrédients qu’on peut retrouver dans l’excellent film d’animation français La prophétie des grenouilles de Jacques-Rémy Girerd, sorti en 2003 et qui raconte l’histoire d’une ménagerie qui survit à bord d’une maison flottante après le déluge. On sort de la lecture de ce roman doux-amer avec l’envie irrépressible d’être avec les siens et de préférence, loin de la mer.
Justine Vaillant
Sandrine Collette, Juste après la vague, Denoël, 2018, 19,90 €, 304 p.