La série Ad Vitam est co-créée par Thomas Cailley (réalisateur du film Les Combattants) et Sébastien Mounier (scénariste pour Il a déjà tes yeux et On l’appelait Ruby). Lors de l’édition 2018 du Festival Séries Mania, la mini-série a remporté le Prix de la meilleure série française. Les six épisodes d’une cinquantaine de minutes chacun ont été diffusés sur Arte du 8 au 22 novembre dernier.
Dans un futur proche, la médecine a développé la régénération, un processus qui permet de stopper le vieillissement dès l’âge de trente ans et de repousser l’âge de l’espérance de vie : la doyenne de l’Humanité fête ses 169 ans. Or, au lendemain de cette célébration historique mondiale, sept jeunes sont retrouvés une balle dans la tête sur une plage. Pour Darius, policier chargé de l’enquête, ce crime n’est pas sans ressembler aux « grandes vagues » : il y a dix ans, un mouvement pro-suicide a poussé à la mort des centaines de mineurs. Il entre donc en contact avec Christa Novak, seule rescapée d’un suicide collectif et détenue depuis dans un centre psychiatrique.
Au casting, Yvan Attal joue un policier de 120 ans qui en paraît 50. Il partage l’écran avec Garance Marillier, révélée au monde entier dans le sanguinolent Grave de Julia Ducournau, et qui interprète ici une jeune révoltée. Dans les rôles secondaires, on reconnaît Rod Paradot (César du meilleur espoir masculin pour La Tête Haute), Niels Schneider (César du meilleur espoir masculin pour Diamant noir), Anne Azoulay (Kaboul Kitchen), Ariane Labed (Fidélio, L’odyssée d’Alice), Hanna Shygulla et Anthony Bajon (vus tous les deux récemment dans La Prière de Cedric Kahn).
Malaise de la jeunesse, course à la performance, quête du physique parfait, disparition de la temporalité et finalement de la mort, Ad Vitam est un mélange réussi de thèmes de science-fiction et de questions contemporaines. Signifiant littéralement « pour la vie éternelle », l’expression latine Ad vitam aeternam est volontairement tronquée, car ici la vie est par essence sans fin. En conséquence, la majorité a été élevée à trente ans, la jeunesse est devenue une longue salle d’attente avant la régénération et un référendum pour le contrôle des naissances va bientôt se tenir. La mort elle-même est même devenue rare et étrange, à tel point que le métier de deuilleur a été inventé pour la faire comprendre et accepter par les proches d’un disparu.
Loin des fonds verts et des effets spéciaux, l’ambiance futuriste est subtilement apportée par des décors urbains illuminés de bleu ou de rose, et par une bande originale aux accents électroniques et synthétiques composée par le groupe français HiTnRuN. Menée par un flic bourru et une jeune femme rebelle, l’enquête policière est assez classique. Elle se transforme en road trip initiatique où les deux personnages vont peu à peu s’apprivoiser. Les rebondissements sont multiples et entraînent le spectateur vers une résolution angoissante. La fin ouverte le restera : ses créateurs n’ont pas prévu de donner une suite à ce projet unique.
Justine Vaillant