C’est l’histoire d’un homme dont l’arrivée bouscule l’ordre établi d’un « pays à l’intérieur d’un autre pays », dans lequel « on se comprend. On fait à notre idée. On a nos règles, les seules qui vaillent. » Un pays de forêt, de montagne, de pierres et de certitudes.
La certitude des pierres de Jérôme Bonnetto est bâti autour de la fête de la Saint-Barthélemy. Une année, un chapitre. La fête de village voit la tension monter. D’un côté les chasseurs, un monde viril dans lequel chaque chose tient sa place, le chef de meute comme les relations père-fils. Ce monde ne supporte pas la remise en cause, et les rêves ont ce pouvoir de faire trembler les structures millénaires. Le rêve, c’est Guillaume, sa jeunesse et son projet de bergerie. Rien que d’admirable dans un pays où la valeur se mesure au travail accompli les mains dans la terre. Seulement les moutons, ça pâture sur les zones de chasse.
Il y a de l’humour et de la gravité dans l’écriture de Jérôme Bonnetto. Il s’y entend pour saisir les mesquineries et les faiblesses de ceux persuadés de leur bon droit. Les hommes exercent leur cruauté en groupe et leur attitude rappelle toutes les injustices et les morts provoquées par la jalousie et la bêtise. Face à ça, toute la simplicité d’un être simplement soucieux de vivre ne peut pas grand chose. Il ne faut pas chercher la force de ce roman dans le suspense ou les rebondissements, mais dans l’émotion d’un étau qu’on voit se mettre en place sans pouvoir rien faire pour l’empêcher. Le livre s’achève avec des larmes et celles du lecteur se mêlent à celles du village hébété.
Roman sélectionné pour le Prix des Chroniqueurs Toulouse Polars du Sud
Caroline de Benedetti
Jérôme Bonnetto, La certitude des pierres, Inculte, 192 p., 16,90 euros