Le point commun entre Rosewater de Tade Thompson et le film Premier contact (Denis Villeneuve, 2016) ? Un dôme extraterrestre arrive sur terre, et pour une fois il ne s’arrête pas chez les américains mais au Nigeria. L’étrange forme provoque diverses interactions avec la population.
« Le dôme s’élève vers le ciel comme une énorme masse de chair. Il y a des trous par endroits, qui se referment à mesure que l’objet grandit, comme des blessures qui cicatrisent rapidement. On peut apercevoir dans ces ouvertures, par intermittence, les mouvements de quelques silhouettes floues. »
Karoo est un homme du futur : l’histoire se déroule en 2066 et revient par flashback jusqu’en 2034. On y découvre l’enfance d’un gamin délinquant, jusqu’à ce quil devienne chargé de la sécurité d’une entreprise, et agent spécial du gouvernement, un peu contre son gré. Karoo possède des facultés à part, c’est un réceptif. Il accède à la xénosphère, un espace dans lequel l’esprit de chaque être humain est accessible. Une sorte de monde 2.0, sans la technologie. Karoo excelle dans son genre, ce qui est pratique pour la banque (dans laquelle la lecture à haute voix des classiques de la littérature est utilisée comme pare-feu aux pirates) et les interrogatoires de criminels.
C’est un univers intrigant que l’auteur donne à découvrir, faisant du roman un voyage en terre inconnue. Il faut découvrir les codes, les enjeux, le passé de Karoo et les personnes qui lui sont proches. Cette phase s’apparente à l’ouverture d’un cadeau de Noël : que reste-t-il une fois la surprise passée ? Rosewater embarque de l’autre côté du miroir. Le fantastique côtoie la science et le crime, Karoo doit comprendre pourquoi les siens meurent un à un. Son enquête mène au monde foisonnant des chimères constitué par la xénosphère, à la magie du dôme à la fois guérisseur et pourvoyeur de zombies, et dans la société dissidente mise en place par la Fille-bicyclette.
Que veulent les entités extra-terrestres venues sur Terre ? Souhaitent-elles toutes la même chose ? L’altérité se trouve au coeur du récit de Tade Thompson, ce qui n’a rien d’étonnant venant de l’auteur des aventures de Molly Southbourne. L’auteur allie la réflexion à une forme d’action et de rebondissements très divertissante. Si l’écriture n’éblouit pas, l’aventure y pourvoit. On attend donc de voir où nous emmène le tome 2, Insurrection.
Caroline de Benedetti
Tade Thompson, Rosewater, Nouveaux Millénaires, 2020, traduit par Henry-Luc Planchat, 21 euros, 416 pages.