« Une fois de plus un mois d’août caniculaire, fanant les couleurs des choses, rebroussant des vibrations émincées sur l’éclatante blancheur de l’air immobile. »
Pour connaître l’histoire de Jip et des Jardins d’Eden il vous faudra accepter le style utilisé par Pierre Pelot. Une écriture à la fois populaire et audacieuse. Un maelstrom de pensées, de sensations, de phrases à tiroir, d’ellipses aussi. Avec des retours en arrière, des digressions et des changements de point de vue. Comme Jip Sand le héros (l’anti-héros) revenu d’une sale maladie, on perd parfois pied. Mais il faut s’accrocher car de cette sensation de fouillis et de confusions émergent – comme dans les films de John Carpenter ou de Jean Rollin – des moments de grâce et de poésies qui se méritent.
Le Val de Charapak, la Vallée de Paradis, les Jardins d’Eden et leurs galeries de personnages inquiétants vous hanteront alors, le temps de la lecture de ce polar rugueux et amer. Il ne fait pas bon essayer de comprendre ce qui s’est passé dans ce coin des Vosges, surtout en compagnie de Jip et son mal de vivre.
Un des paradoxes de la littérature, nous fait vivre le mal-être et la descente aux enfers de Jip, tranquillement assis dans un fauteuil ou allongé sur un canapé. Que venons-nous chercher là ? Une histoire ? Celle-ci démarre avec un cadavre retrouvé à demi déchiqueté. Des réponses ? C’est aussi ce que cherche Jip, il veut savoir qui a fait le coup. Des sensations ? Nous en aurons autant que de paysages et de portraits, mais attention, ce sera une galerie de salauds et de salopes. Des êtres humains qui se débattent dans la boue.
Emeric
Un autre avis à lire sur Evadez-moi.
Pierre Pelot, Les jardins d’Eden, Série Noire, Gallimard, 2021. 250 pages, 18 Euros.
One thought on “Les Jardins d’Eden de Pierre Pelot”
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