Le polar et la mer c’est une grande histoire. Certains situent leurs intrigues à bord d’un bateau, parfait décor de huis clos criminel. D’autres se servent des villes côtières et de leur atmosphère toute particulière. Nous étions le sel de la mer de Roxanne Bouchard est dans ce cas.
La vieille dame et la mer
Marie Garant meurt noyée dans ce qui ressemble à un accident bête, frappée par la bôme de son bateau alors qu’elle rentre au port après des années d’absence. C’est l’émoi dans le petit village de Gaspésie, la vieille dame semblait autant fasciner que susciter la haine. Catherine Day vient chercher des réponses sur cette femme, sa mère, qui l’a donnée en garde à sa naissance.
« La Gaspésie, c’est une terre de pauvres qui a juste la mer pour richesse, pis la mer se meurt. » Alors les pêcheurs tentent de survivre avec les tourteaux et homards restant. Dans son bistrot Renaud Boissonneau « j’m’en vas vous dire » attend les touristes. On y tombe souvent sur le curé – jamais ordonné – en train de boire un coup. Le coroner s’appelle Robichaud et l’inspecteur chargé du dossier Garant est un mexicain en pleine remise en question maritale. Il n’y a pas vraiment de héros dans Nous étions le sel de la mer, plutôt une belle galerie de personnages.
Pour les protagonistes, savoir si Marie Garant a été tuée n’a pas tant d’importance que surmonter les drames. Catherine fouille le passé et le mystère d’une femme solitaire. L’enquête policière se transforme comme souvent en quête existentielle. L’histoire sent les embruns et les secrets d’un village au bout du monde, le tout écrit avec humour et sensibilité. Une belle découverte.
Caroline de Benedetti
Roxanne Bouchard, Nous étions le sel de la mer, éditions de L’Aube, 2022, 320 p., 19,90 €
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