Rachel Cusk participe ce week end au festival Atlantide de Nantes. L’autrice britannique écrit sur le couple, la famille, la maternité. Elle questionne également l’art et la création. Arlington Park, considéré comme son meilleur roman, est une merveille de construction et d’écriture.
C’est par l’intermédiaire d’un ciel nuageux que le livre s’ouvre, et depuis le ciel nocturne, le plan se resserre sur une banlieue avec ses jolies maisons. Sécurité, espaces verts, tranquillité.
« C’était la civilisation, et cependant, pour Juliet, c’était barbare jusqu’à la moelle. Qu’y avait-il ici qui faisait que la vie poussait si grossièrement ? Cela manquait d’art, pire, cela manquait de la moindre notion de justice. »
La description de l’intime prend tout son sens à travers une vision politique, et Rachel Cusk le fait sentir sans jamais en faire le sujet principal. Les femmes incarnent son propos. Elles sont avant tout des mères, éventuellement des travailleuses, et toutes se sentent inadaptées, prisonnières. L’autrice le traduit à travers différentes scènes, allant de l’aménagement d’une cuisine à une sortie au centre commercial. C’est puissant, jusque dans la description d’une après-midi au jardin public. Chaque chapitre à travers la voix d’une femme solo jusqu’au chœur final. Sans esbroufe.
Les vies que Rachel Cusk nous fait observer portent la marque de son regard acéré, pertinent. Les faiblesses sont révélées, sans qu’il soit aisé de se sentir différent ou supérieur à ces quotidiens qu’elle décrit.
Caroline de Benedetti
Rachel Cusk, Arlington Park, éditions de L’Olivier, 2007, traduit de l’anglais par Justine de Mazères, 300 p.