Dans ce court roman, Charles Willeford traite des principaux personnages du monde de l’art : le critique (celui qui valide le bon goût), le galeriste (celui qui vend), le collectionneur (celui qui achète) et l’artiste (celui qui produit). Le livre montre les montages (discours, création de groupes plus ou moins structurés, de résonances plus ou moins fictives) et les élaborations théoriques plus ou moins bancales qui accompagnent l’art moderne et contemporain. Il répond à la question « qu’est-ce qui fait la renommée d’une œuvre ou d’un artiste ? » en mettant en avant « les réseaux » du monde de l’art qui créent un discours et de l’intérêt autour d’une œuvre ou d’un artiste, légitimant alors l’œuvre auprès d’un public parfois (souvent) sceptique… Willeford s’intéresse aussi au travail de l’artiste lui-même, à sa solitude. Il croque ses contemporains avec humour et concision par le biais d’un narrateur quelque peu obsessionnel. Et le drame n’est peut-être pas tout à fait là où on le pense. Le livre s’inspire de Marcel Duchamp, mais vous y croiserez aussi Alberto Vargas, l’auteur des Pin Up de calendrier de la fin des années 30. On retrouve plus tard son style de Pin Up sur les avions et dans les casiers des soldats américains durant la 2ème guerre mondiale. Bref, avec Charles Willeford vous êtes en bonne compagnie.
Emeric Cloche
Charles Willeford, Hérésie, Paris, Rivages/Noir, no 99, 1990, traduction de Jean Esch.
One thought on “Hérésie de Charles Willeford”
Comments are closed.