Le roman s’ouvre sur une scène de crime, avec les blouses blanches de la police scientifique et un cadavre atrocement mutilé, comme il se doit. Là, tu es à deux doigts de refermer le livre, voire de le balancer par terre, et puis Chastity arrive. Elle est procureur. Tu ne sais pas comment ça se passe en Allemagne, en tout cas dans cette histoire le procureur passe du temps sur le terrain et s’investit dans l’enquête.
Chastity a un père américain suicidé, et une mère qui l’a abandonnée. Elle ne supporte pas d’être enfermée dans son bureau, ce qui donne de belles descriptions de ses promenades dans la ville de Hambourg. Le dock, les ports, son bar préféré tenu par sa copine Carla. Carla et Chastity au stade, pour supporter leur équipe préférée, celle de Sankt Pauli.
L’enquête n’a pas grand intérêt, les prostituées scalpées sont l’occasion d’une promenade dans les clubs de strip tease avec Chastity et les flics. L’auteure affuble son héroïne d’un potentiel de profileuse qui fait bailler d’ennui. Mais il y a cette ambiance, la ville, les amis de Chastity, son jeune voisin et amant potentiel, son collègue toujours sur le point de prendre sa retraite. Alors peu importe si certains ressorts se voient comme des chaussures rouges sur un bas noir, il suffit de se laisser embarquer en finissant par se dire qu’on reprendrait bien une deuxième enquête.
Caroline de Benedetti
Simone Buchholz, Quartier Rouge, Piranha, 2015, traduit de l’allemand par Joël Falcoz, 16,90 €,200 p.