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Au bal des absents de Catherine Dufour

Au bal des absents de Catherine Dufour

Nouvelle venue dans le domaine du polar, Catherine Dufour n’est pas inconnue des lecteurs de science-fiction et de fantasy. Au bal des absents offre un voyage dans un fantastique hanté, comme la maison qui sert de décor à cette histoire.

« Elle vivait déjà dans le champ inférieur de sa vie, loin au dessous des grandes pleines de l’espoir, au bas de la falaise vertigineuse du désastre. »

Au bal des absents est aussi un roman hanté par les influences et les hommages, habilement utilisés par l’autrice. Son héroïne cherche des solutions à son problème dans la littérature et le cinéma, quand d’autres consulteraient des rebouteux ou des experts. Allez savoir si la fiction ne détient pas quelques remèdes… Mais quel est le problème de Claude ? Sans emploi, elle postule pour une mission originale : retrouver des personnes disparues dans une demeure appellée chez tante Colline. Ca tombe bien, Claude est quasi à la rue. Elle endosse alors le rôle d’une détective privée, revue et corrigée. C’est un peu Scully sans Mulder. Mais encore plus, l’ombre de Shirley Jackson plane avec sa célèbre Maison hantée.

La maison dévoile vite son jeu : des phénomènes hostiles y résident. Mais Claude a tout d’une femme habituée aux coups durs, et la voilà partie en guerre pour défendre son nouveau domicile. Ses solutions prêtent à rire bien sûr, car qui se servirait de Lovecraft, Stephen King, Ghostbusters ou encore Conjuring comme mode d’emploi ? Pour se détendre, il faut bien un petit roman d’Aurélie Valognes.

« Quand on ajoutait de l’eau normale à de l’eau bénite, ça donnait quoi ?Beaucoup d’eau un peu bénite ? La bénédiction, ça se diluait ? »

A l’humour, Catherine Dufour ajoute deux ressorts : des scènes angoissantes, et une vision politique. Rire, mais aussi ressentir la faim, la peur et le froid. Ainsi le roman déploie sa force et envoûte définitivement le lecteur. Les fantômes ne sont peut-être pas les pires ennemis à combattre, dans une société où la précarité devient la norme, avec son lot de morts et de malades. La bataille des déclassés s’incarne avec Claude, qu’on prendrait bien comme égérie pour les luttes à venir. Binette à la main.

Caroline de Benedetti

Catherine Dufour, Au bal des absents, Seuil/Cadre Noir, 2020, 18 euros, 224 p.