Il y a quelque chose de théâtral dans le jeu d’acteur de Noiret, Eddy Mitchell, Isabelle Huppert et Stephane Audren ; cette petite chose ajoutée à l’ambiance générale du film fait osciller le spectateur entre sarcasme, émotion, rire en jaune et tendresse. Les dialogues de 1275 âmes (le bouquin de Jim Thompson dont est tiré le scénario) sont particulièrement bien rendus. L’idée de transposer l’action qui se situe normalement à Pottsville, un trou perdu des États Unis d’Amérique, en Afrique Occidentale Française ravive – pour ceux qui les ont déjà lus, les autres devraient se jeter dessus – les souvenirs de lecture de la trilogie sur l’Afrique coloniale de Georges Simenon : Coup de lune, 45° à l’ombre et Le blanc à lunette.
La musique de Sarde est présente dès le début du film avec un morceau angoissant et rythmé ; imprévisible. Durant le film elle se pointe sous forme de jazz mélangé à la musique classique et pas trop loin du musette non plus, ce qui donne une couleur jazz « à la française ». Faut dire que Bertrand Tavernier a fait écouter Carla Bley, Maurice Jaubert, Duke Ellington à Philippe Sarde en demandant « Comment mêler et entremêler ces options contradictoires ». La réponse est dans le générique du film, celui du début et le danstesque morceau de fin : Je suis mort il y a longtemps déjà. Sarde ingurgite, synthétise et compose « un thème de thriller sur un rythme de tango », comme dira Tavernier dans les notes de livret recueilli par Stéphane Rouge pour le disque le cinéma de Bertrand Tavernier, musique de Philippe Sarde paru chez Universal Music en 2002.
Dans Coup de torchon on croise aussi deux chansons : Dans la chambre vide, une ritournelle lancinante et nostalgique chantée par Isabelle Huppert et La java de la masochiste, une chanson du trottoir interprétée par Stéphane Audran qui n’est pas sans rappeler les chansons de Mistinguett, Fréhél ou Piaf en un peu plus bancale. La musique de Philippe Sarde ne vient pas souligner les émotions des personnages et si elle a toujours à voir avec le film, c’est parce qu’elle en est un élément de construction très fort, à part entière.
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