Il pleut, il pleut, bergère…
« C’était le quatrième jour qu’il pleuvait. D’abord rageusement comme en été, puis de manière plus régulière. »
Il faudrait dresser une liste de ces textes dans lesquels la pluie qui tombe sans discontinuer pose une ambiance spéciale, quelque chose entre la fin du monde et la dépression permanente. Même dans des romans médiocres, l’ambiance reste en mémoire. Quand la pluie tombe sur un fleuve, ici le Pô, l’eau envahit et obsède.
Alors oui, bien sûr, le fleuve est un personnage à part entière du Fleuve des brumes. Sans doute le plus évident, de l’ordre de la sensation qui colle à la peau. Il porte une longue scène d’ouverture digne d’un suspense qui fait remonter à la surface des vieilles images des Nerfs à vifs. Une scène de péniche à la dérive sur le fleuve avec un pilote fantôme à bord.
Et puis il y a la bouffe, la nourriture, le jambon blanc de l’auberge du Sourd et ce tableau du Christ les jambes repliées pour échapper à l’eau qui monte. Encore l’eau. Il y a aussi Angelina, l’amante du flic Soneri, pétulante avocate dont il peine à nourrir les appétits sexuels. Les sens tiennent donc le haut du pavé dans ce roman où les éléments de l’enquête s’emboîtent parfois un peu fort à propos. Cette partie-là, et les chemins historiques qu’elle emprunte, ce sera à vous de la découvrir.
Caroline de Benedetti
Valerio Varesi, Le fleuve des brumes, Agullo/Noir, traduit de l’italien par Sarah Amrani, 2016, 316 p., 21,50 €
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