2003, Victor a 17 ans et il intègre une prestigieuse école fréquentée par le gratin parisien. Les études ont l’air de l’intéresser moins que la séduisante Maya et sa bande d’amis amateurs de bizutage.
2016 Maya rencontre un homme mystérieux, aveugle, qui semble ne pas l’avoir approchée par hasard.
Ce roman de vengeance, psychologique, semble avoir été pensé pour parler d’un phénomène : la cécité de conversion. L’histoire qui porte ce thème s’avère un peu mince, et à la fois chargée. Le mystère est d’abord entretenu sur l’identité de l’aveugle, mais on comprend vite le lien avec le jeune Victor. Bien sûr, la construction du roman encourage le lecteur à avancer pour découvrir toutes les clés de l’histoire, mais l’artifice se voit beaucoup. Surtout, le problème de ces structures réside dans la renconstruction du puzzle : si vous remettez les événements dans l’ordre, ils apparaissent abracadabrants. Dans La prunelle de ses yeux, la scène d’euthanasie au cimetière illustre parfaitement ce fait, sans compter la personnalité du meneur sadique devenu leader du parti d’extrême-droite les Patriotes et ce qu’il fait à sa femme. Lire c’est croire, et parfois avoir les yeux bien ouverts rend dubitatif.
Caroline de Benedetti
Ingrid Desjours, La prunelle de ses yeux, La bête noire, 2016, 20 €, 320 p.